Sûr de la justesse de sa cause et de l’invincibilité de sa grande Russie, Vladimir Vladimirovitch Poutine a vite évacué, lors de son discours à la Nation, l’Ukraine et la possibilité d’envoi de troupes occidentales évoqué par Macron et qui font peur au monde entier. Quelques minutes pour rappeler la Bérézina de Napoléon et le fait que « nous avons aussi des armes capables d’atteindre des cibles sur votre territoire .» La menace nucléaire déjà brandie à plusieurs reprises par le maître du Kremlin et ses propagandistes grassement payés, mais jamais par l’Otan…
Pendant près de deux heures, Poutine a déroulé un discours électoraliste qui a plutôt fait bailler les dignitaires obligés de l’écouter. Fake news, réalité parallèle : tout va bien et le mandat qui s’achèvera en 2030 aura été radieux. La Russie sera belle et de plus en plus forte. Il a tout promis : des subventions aux différentes républiques de la Fédération, des aides sociales, des baisses d’impôt, des augmentations de salaire, des investissements dans l’éducation, le numérique, les nouvelles technologies, la culture, la protection de l’environnement. Un discours triomphaliste. D’un ton badin, il a même lancé à ses concitoyens : « arrêtez de boire, faites du ski… » Et il a rappelé que la Russie qui aime « les familles avec des nombreux enfants » défendait « les valeurs traditionnelles face à un Occident décadent et aux « habitudes coloniales ».
Rien de bien nouveau donc dans ce long discours. Pas un mot sur Navalny. Pas un mot sur ces jeunes qu’il envoie par milliers à la mort sur le front. Nul ne peut dire dans quel état sera la Russie, non pas en 2030, mais dans deux ans : elle est loin d’aller aussi bien que ne le prétend son maître, dictateur sans pitié.
« Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas », a-t-il questionné en parlant de ces Occidentaux responsables de la guerre en Ukraine qu’il serait prêt à arrêter. Il ont compris, même s’ils ont du mal à s’en rendre compte que Poutine n’est qu’un menteur. Un menteur assez fébrile car l’Otan qu’il voyait faible s’est ressoudé. Si, au fond, ni la Russie ni l’Otan ne souhaitent l’affrontement direct, il a peur ce Poutine faussement assuré.
Pendant qu’il parlait, Emmanuel Macron affirmait que ses mots avaient été « pensés, pesés, mesurés ».