Un sentiment « d’humiliation » : le terme est sur toutes les lèvres. Au Maroc, les témoignages fusent sur les réseaux sociaux pour interpeller la diplomatie française face au nombre croissant de refus de demandes de visa essuyés par les ressortissants du royaume.
« Je suis privé du droit au voyage, qui est pourtant fondamental », explique à Jeune Afrique Sofiane, qui a lui-même partagé sa colère sur Twitter. Père de deux filles françaises, il a vécu quinze ans en France et souhaitait s’y rendre avec ses enfants durant les congés estivaux. C’est la quatrième fois qu’il demande un visa Schengen de courte durée, et la première fois que celui-ci lui est refusé. Raison invoquée : il n’aurait pas correctement justifié le motif de son voyage. Sofiane a pourtant présenté au consulat sa réservation d’hôtel, ainsi que celle de son billet d’avion. Malgré un premier recours au consulat de Casablanca, un deuxième à l’ambassade de France au Maroc et un dernier à la commission de refus de visa de Nantes, Sofiane a dû renoncer à son voyage, et ses deux filles mineures à voir leur famille en France. « Les États font parfois des calculs diplomatiques qui impactent directement leurs propres citoyens, comme mes enfants », explique-t-il avec amertume.
La difficulté à obtenir un visa s’est accrue depuis septembre 2021, lorsque le gouvernement français a décidé de réduire de moitié le nombre de sésames accordés à l’Algérie et au Maroc, et de 30 % à la Tunisie. Cette mesure visait à faire pression sur les gouvernements des trois pays pour que ceux-ci accordent plus de laissez-passer consulaires à leurs ressortissants faisant l’objet d’une procédure d’expulsion. Pour demander un visa, même de courte durée – visa européen de moins de 90 jours –, la procédure est fastidieuse. Elle coûte 80 euros, auxquels s’ajoutent des frais à régler au sous-traitant TLS Contact, qui enregistre les rendez-vous et les demandes. Attestation de travail et de salaire, relevés bancaires, bulletins de paie, réservations d’avion et d’hôtel… La démarche est onéreuse en cas de refus. Les rendez-vous sont aussi de plus en plus difficiles à obtenir.