Après la mort du «calife» de l’État islamique Abou al Hassan al-Hachimi al-Qourachi, annoncée le 30 novembre en zone irako-syrienne, les nombreux groupes affiliés à l’EI ont prêté allégeance à son successeur, Abou al-Hussein al-Husseini al-Qourachi. Répondant à l’appel du porte-parole de l’organisation terroriste, les différentes «provinces» de l’État islamique en Afrique, du Nigeria et jusqu’au Mozambique, ont mis en scène la proclamation d’allégeance dans le sud de Ménaka ainsi que dans la zone dite «des trois frontières», entre le Burkina, le Niger et le Mali.
Parmi elles, la section sahélienne, érigée en «province» en mars dernier. Sur les photos diffusées sur Telegram par l’organisation le 1er décembre, on peut voir des centaines de djihadistes chevauchant des motos légères, armés de Kalachnikov, accompagnés de 4×4 hissant le drapeau noir siglé du sceau de Mahomet, étendard de l’EI.
« Ce qui est inédit, c’est la possibilité de tels rassemblements, sans entraves, sans craindre aucune frappe», note Wassim Nasr, journaliste à France 24. Une impunité qui n’existait pas du temps où la force Barkhane, appuyée de drones Reaper, surveillait la zone et gardait une puissance de frappes. Autre élément majeur, la longueur des colonnes à perte de vue, qui témoigne d’une force numéraire non négligeable. «Cette quantité de combattants est impressionnante, surtout venant de l’EIGS qui a eu longtemps la réputation d’un petit groupe mobile et puissant», confirme Djallil Lounnas, professeur associé de relations internationales à l’Université Al Akhawayn au Maroc et spécialiste du terrorisme au Sahel : «C’est une démonstration de force. Avec ces images, l’EIGS s’affiche désormais renforcé en nombre, tout en gardant la mobilité qui a toujours fait sa force, avec des armes légères, des véhicules et des motos».
