Il est l’architecte de l’attaque du 7 octobre qui a porté la guerre subie journellement par les Palestiniens sur le sol de l’Etat hébreu qui se croyait à l’abri. Il est l’homme qui a redonné espoir et ferté aux Palestiniens. Il est aujourd’hui le chef unique du Hamas, élu à l’unanimité pour remplacer Ismaïl Haniyeh, assassiné à Téhéran par Israël.
Marié, père de trois enfants, Yahya Sinouar ne vit que pour son mouvement : « Le Hamas est mon épouse. Le Hamas est mon enfant. Le Hamas est tout pour moi. » Homme sans pitié, il n’a jamais hésité à exécuter les traitres à la cause. Arrêté en 1988, il a passé 23 ans dans les prisons israéliennes où il a appris l’hébreu et appris à connaître la mentalité de son ennemi.
Présenté comme un radical partisan de la ligne dure, il est charismatique et serait, selon ceux qui le connaissent mieux, pragmatique, l’usage de la force n’étant qu’un moyen de forcer Israël à négocier. Le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ajoute qu’il est « réaliste » et que sa nomination « attendue » est « logique ».
L’Occident ne le voit pas de la même manière, le considérant comme un « terroriste international », un « fou messianique » dit l’envoyée américaine pour la région Barbara Leaf. Pour l’Etat hébreu, Sinouar est « le visage du diable », un « tueur fanatique » qu’il faut « éliminer rapidement » affirme le ministre de la Défense. Son collègue des Affaires étrangères, Israël Katz veut « rayer de la carte le Hamas, cette organisation ignoble ».
Toujours est-il que cette nomination de Yahya Sinouar constitue un défi, un message fort, une sorte de pied de nez à l’Etat hébreu qui, depuis le 7 octobre, et même avant, traque son ancien détenu et le considère comme « un mort en sursis ». Onze mois plus tard, le Hamas est bien là, preuve comme l’assure le Hezbollah que « l’ennemi n’a pas su remplir ses objectifs ». Une défaite pour l’Etat hébreu qui ne sait toujours pas où il est. Dans les tunnels ?
Et demain ? Les Etats-Unis maintiennent leur volonté d’arriver à un cessez-le-feu, mais, comme le Qatar n’ont aucun influence directe sur Sinouar. Ce dernier voudra-il aller vers un accord contrairement à Netanyahu de plus en plus accusé de le rejeter pour des raisons personnelles ?
La suite reste imprévisible. Et, aujourd’hui, comme hier, le mouvement islamiste, s’il a remis la question palestinienne sur le devant de la scène régionale, ne représente pas forcément son avenir.