Selon le World Wide Fund for Nature (WWF), le nombre de lions africains a chuté de 40% en trois générations. Ils ne sont plus qu’un peu plus de 20 000 à l’état sauvage, dont une poignée au Soudan, dans le parc national Dinder près de la frontière avec l’Ethiopie. Les nombreux félins enfermés dans les zoos dont celui de Khartoum sont tous très maigres et affamés. Mais ce problème est loin d’être une priorité pour le gouvernement en raison de la situation économique très difficile du pays, qui s’est accentuée depuis le coup d’Etat d’octobre 2021.
Pour sauver ces animaux d’une mort prématurée, Othmane Salih les a sortis du zoo de Khartoum. Il a créé en pleine savane, à une heure de route de la capitale, le « Sudan Animal Rescue », une petite réserve de quatre hectares qui abrite aujourd’hui dix-sept lions âgés de six mois à six ans. Lever des fonds pour s’occuper d’animaux est une gageure dans ce pays, où un habitant sur trois dépend de l’aide humanitaire. « Nous avons des donateurs au Soudan et à l’étranger, mais ça ne suffit pas. (…) Il y a beaucoup de Soudanais qui ont faim, donc toute l’aide va pour eux, ils sont la priorité et c’est normal », déclare Othmane Salih à l’AFP.

Et malgré une petite équipe d’une vingtaine de bénévoles passionnés, qui jonglent avec leurs emplois du temps pour aider dans la réserve, cela reste compliqué de mener à bien cette action. Malgré leurs motivations, s’y rendre est difficile pour nombre d’entre eux. En effet, depuis le coup d’Etat militaire d’octobre dernier, les routes sont barrées et les ponts bloqués par l’armée à chaque manifestation anti-putsch. De plus, l’essence est chère. Pourtant, si le trajet est difficile et les routes chaotiques, « je viens tous les jours, car c’est un bonheur à chaque fois », lance un bénévole qui a rejoint le projet dès ses débuts.
Othmane Salih et les bénévoles sont obligés de mettre la main à la poche pour nourrir les animaux et acheter plus de 100 kilos de viande par jour. « Cinq à dix kilos de viande quotidiens sont nécessaires à chacun de ces félins, ainsi qu’à une petite meute de hyènes qui ont leur propre espace grillagé à ciel ouvert », explique l’un d’entre eux