Les paramilitaires au Soudan assurent avoir pris le contrôle samedi 15 avril de l’aéroport international et du palais présidentiel à Khartoum, secouée depuis le matin par des tirs et explosions, dans l’épisode le plus violent de la rivalité entre les deux généraux aux commandes depuis le putsch. Les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», appellent désormais l’ensemble de la population, comme les soldats eux-mêmes, à la sédition contre l’armée.
En face, l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d’État du 25 octobre 2021, dénonce des «mensonges» et la «trahison» d’une force qui a récemment déployé blindés et hommes à travers le pays sans la consulter.
Lors du putsch, Hemedti et Burhane avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir. Mais au fil du temps, Hemedti n’a cessé de dénoncer le coup d’État, de se ranger du côté des civils – donc contre l’armée dans les négociations politiques – et c’est désormais son différend avec le général Burhane qui empêche toute solution de sortie de crise au Soudan.
Ce samedi matin, Khartoum s’est réveillée au son des tirs à l’arme lourde et légère et des explosions quasi-ininterrompues. En quelques heures, les FSR ont annoncé avoir pris l’aéroport international de Khartoum, en plein cœur de la capitale, puis le palais présidentiel où siège habituellement le général Burhane, ainsi que le palais réservé aux hôtes de l’État, un aéroport du nord du pays et «d’autres bases dans différentes provinces».
Et dans un communiqué, elles appellent la population à «se rallier à elles» et affirment aux militaires qu’elles ne «les visent pas eux, mais leur état-major qui les utilise pour rester sur son trône, quitte à mettre la stabilité du pays en péril».
L’armée, en face, dénonce des «mensonges» et accuse les FSR d’avoir déclenché les hostilités.