Depuis le début de la « révolution » en 2011, plus de 100.000 personnes ont péri dans les prisons syriennes, notamment sous la torture, estimait en 2022 l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Les rebelles syriens ont annoncé ce dimanche 8 décembre avoir pris la prison de Sednaya à Damas, symbole des pires exactions des forces du président Bachar al-Assad.
Sur des vidéos relayées par les médias, on aperçoit des prisonniers être libérés de ces geôles. De nombreux hommes mais aussi des femmes et des enfants, voire un bambin.
Le complexe pénitentiaire installé au nord de Damas concentre le pire des atrocités commises par les Assad en Syrie, surtout depuis le début de la guerre civile, en 2011.
Human Rights Watch (HRW) avait dès 2012 parlé d’un « archipel de la torture » : « recours à l’électricité », « agressions et humiliations sexuelles », « arrachage des ongles » et « simulacres d’exécutions ». Selon l’ONG, il existait 27 centres de détention gérés par des agences de renseignement du régime, les « moukhabarat ». Outre des bases militaires, stades, écoles et hôpitaux sont utilisés aux mêmes fins. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), au moins 100 000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime. Un demi-million de personnes sont passées dans ces geôles depuis 2011, d’après l’Observatoire.
Un crématorium pour cacher le bilan humain
En février 2017, Amnesty International accusait le régime d’avoir pendu quelque 13 000 personnes de 2011 à 2015 dans la seule prison de Saydnaya près de Damas. Ces pendaisons s’ajoutent aux 17 700 personnes tuées dans les geôles du régime qu’Amnesty avait déjà recensées. Le rapport se base sur des entretiens avec 84 témoins, parmi lesquels des gardiens, des détenus et des juges. La plupart des victimes étaient des civils.
En mai de la même année, les États-Unis exposaient des photos montrant le recours à un « crématorium » à la prison de Saydnaya, servant à détruire les restes de milliers de prisonniers tués. Sur ces photos datées d’avril 2017, d’avril 2016, de janvier 2015 et d’août 2013 « déclassifiées » par le gouvernement américain, on y voyait des bâtiments, dont l’un est légendé « prison principale » et l’autre « probable crématorium ». Sur un autre cliché, une légende « neige fondue sur une partie du toit » attesterait, selon les Américains, de l’existence d’un « crématorium installé par le régime syrien ».
Privation de lumière, de nourriture, viols, séances de torture physiques et psychologiques, le survivant Omar al-Shogre a, quant à lui, expliqué à la BBC ce qu’il avait enduré, alors qu’il n’était un adolescent. « Ils ont formé mon cousin à me torturer et je devais aussi le torturer, sinon nous étions tous les deux exécutés », a-t-il notamment témoigné. Ajoutez à cette horreur, la propagation du Covid-19 dans les prisons du régime, où les détenus étaient entassés dans des cellules exiguës et souvent privés de soins médicaux.
Depuis lundi, les casques blancs syriens mènent d’intenses fouilles à la recherche de détenus piégés dans des cachots souterrains de la prison de Saydnaya. Car les pires secrets de ce lieu de l’horreur n’ont peut-être encore été divulgués.