A Alep, si l’on en croit les témoignages d’habitants, la joie, la fête ont succédé à la peur : il y a autant de pain que l’on veut, les magasins sont approvisionnés, les rues nettoyées, tout est réparé, les services fonctionnent bien.
Les rebelles, emmenés par les islamistes de HTS et les forces affiliées à la Turquie, poursuivent leur marche en avant. Après la prise de Hama, ils sont à Homs et le chef de Hayat Tahrir al Cham n’entend pas s’arrêter. Dans une interview accordée ce vendredi à CNN, Abou Mohammed Al Joulani, qui n’a pas été tué comme l’annonçait certaines sources, affirme que « le but de la révolution, c’est de renverser le régime. Nous avons le droit d’utiliser tous les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif ».
L’armée d’Assad continue de prétendre qu’elle reconquiert les zones occupées par les terroristes, mais elle n’a opposé aucune résistance à Hama et les ONG indiquent qu’elle a quitté les abords de Homs. Jusqu’où iront les rebelles ?
Une question qui en entraîne d’autres : qui aide les rebelles, quel est le rôle, le but de la Turquie ? La Russie et l’Iran vont-ils intervenir pour aider le régime ? Quelle unité, quelle entente durable entre les HTS, les groupes affiliés à Ankara et les Kurdes ? Et les Etats-Unis ? Et Israël qui a encore frappé trois fois ce matin à la frontière libano-syrienne ?
Les jours qui viennent apporteront des réponses. Un accord entre Moscou et Washington aurait abouti à ce que les aviations ne bombardent plus Alep et, ce samedi au Qatar, les ministres des Affaires étrangères turc, russe et iranien, Fidan, Lavrov et Araghtchi, vont discuter de la situation. Jusqu’à présent, Erdogan qui a autorisé sinon organisé la rébellion est le gagnant. Opposé de toujours à Assad, il joue les grands seigneurs et appelle à trouver « d’urgence une solution politique. La Turquie ne souhaite pas que la Syrie sombre dans une plus grande instabilité et connaisse davantage de victimes ». Sauf peut-être pour lui, les Kurdes qui rêvent de leur Rojava.
Faudra-t-il choisir entre le régime autocratique d’Assad et une Syrie aux mains d’islamistes ? Certains estiment que HTS, islamiste et conservateur propose une « troisième voie » loin des talibans de l’Etat islamique et d’Al Qaïda, qui respecte les minorités. D’autres voient Al Joulani imposer un nouveau califat après avoir libéré les jihadistes détenus par les Kurdes à Roj et Al Hol.
Faudra-t-il soutenir Assad parce qu’il est moins pire qu’Al Joulani ? Ni l’un ni l’autre ne peuvent combler les aspirations des Syriens à la démocratie. Ils ne sont pas sortis de l’auberge, pour employer une expression populaire. On pourrait s’orienter vers une sorte de non choix avec la mise en place d’ une transition politique à la tête du régime syrien.