Pendant plus d’un an, le média panarabe “Al-Jazeera” a suivi une affaire de prostitution forcée en Irak. Une histoire parmi d’autres qui jette une lumière crue sur un phénomène qui prolifère dans un pays plongé dans une profonde crise politique et économique, entretenu par des réseaux où se mêlent proxénètes, groupes armés et fonctionnaires corrompus. Une histoire que reprend Courrier International
Dans une rue de Mansour, un quartier huppé de Bagdad, une berline s’arrête près d’un autre véhicule. Deux jeunes femmes et un homme sortent de la première voiture, puis rentrent dans une deuxième, les filles à l’arrière, l’homme sur le siège passager. Au volant de cette deuxième voiture, un autre homme.
Il s’agit d’un faux proxénète qui vient d’acheter deux esclaves sexuelles, accompagnées par leur souteneur, pour travailler dans le nord de l’Irak. En réalité, c’est un agent infiltré de l’unité irakienne de lutte contre le trafic humain, habituée à organiser des flagrants délits.
Quelques minutes plus tard, les hommes de l’unité interpellent le souteneur et prennent en charge les deux jeunes femmes. “Noor et Chahad étaient sur le point d’être vendues 5 000 dollars chacune.”
Ainsi commence la longue enquête du média panarabe Al-Jazeera consacré au trafic sexuel en Irak, “un phénomène croissant alimenté par des facteurs socio-économiques profondément enracinés et rendu possible par un réseau enchevêtré de fonctionnaires corrompus et de groupes armés”.
Une enquête de plus d’un an au cours de laquelle des victimes, des proxénètes, des responsables de la sécurité, des juges et des militantes des droits des femmes ont été interrogées.