Ah ! Si Donald Trump était élu en novembre, le monde serait en paix. Après avoir juré qu’il pouvait mettre fin aux guerres en Ukraine et au Proche Orient, il voit maintenant Gaza en territoire moderne et riche. « Je pense que ça pourrait être encore mieux que Monaco » assure le milliardaire qui précise qu’il le dit « depuis des années ». Pourquoi alors n’a-t-il pas agi durant son mandat présidentiel ? En 2016, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman déclarait que « Gaza pourrait devenir une nouvelle Singapour ou une nouvelle Hong Kong ».
Le candidat républicain a-t-il eu lui-même cette vision d’avenir ? En mai dernier alors que les bombes pleuvaient, Benjamin Netanyahou évoquait en petit comité le « plan Gaza 2035 » à réaliser avec les Emirats, l’Arabie Saoudite et les pays voisins. Tous auraient rejoint les accords d’Abraham pour que Gaza passe de « la crise à la prospérité » et devienne une zone de libre-échange, un hub industriel et technologique. Les voisins ont décliné l’offre.
En fait l’idée n’est pas nouvelle. En août 2006, un notable du Fatah confiait au journal Le Monde : « Au début, on nous disait que Gaza deviendrait le Singapour du Moyen-Orient. Après le retrait israélien, on parlait du Dubaï de la Méditerranée. Pour l’instant, tout ce que l’on a c’est un désert et lorsqu’une fleur pousse, elle est arrachée par les Israéliens.
A l’époque, poursuit le quotidien, Ossama Al-Fara, le maire de Khan Younès envisageait de construire une série d’hôtels destinés à faire de Khan Younès le centre touristique de la bande de Gaza. « Nous étions prêts à recevoir les financements de la communauté internationale, mais lorsque le Hamas est arrivé au pouvoir, les donateurs ont gelé leurs promesses et les projets ont été mis en sommeil ». Des spécialistes de la région confirment que la mainmise islamiste a empêché tout développement.
Il ne faut pas oublier que derrière ces beaux projets, il y a, à 30 km des côtes et 600 mètres de fond, des réserves d’hydrocarbures évaluées à 36 milliards de mètres cubes. De quoi rapporter 700 à 800 millions de dollars par an et nourrir des rêves.
Avant que la bande de Gaza se transforme en Monaco, Singapour, Hong Kong ou Dubaï, il faudra d’abord arrêter la guerre et reconstruire. Dans son élan pacificateur, Trump a dû zapper ce détail. Plus de 70 000 tonnes de bombes sont tombées sur le territoire de 365 km². Le 2 mai, l’ONU disait que si la guerre s’arrêtait immédiatement, la reconstruction durerait jusqu’en 2040 et coûterait de 30 à 40 milliards de dollars. En juillet, elle indiquait que le seul déblayage des décombres prendrait 15 ans. Aujourd’hui, certains avancent que la reconstruction durera 80 ans.
Donald Trump ne sera plus là pour apprécier la nouvelle Gaza…