Rien ne se passera avant une rencontre entre moi et Poutine, a déclaré Donald Trump vendredi et le lendemain le porte-parole du Kremlin a répondu qu’ il fallait d’abord que Moscou et Kiev trouvent des accords, ce qui n’est pas pour demain. Pas de rencontre directe donc, mais un entretien téléphonique demain.
Plus qu’une négociation, ce sera un test entre deux hommes forts qui chercheront à voir jusqu’où l’autre peut aller, à identifier ses atouts, ses faiblesses. Face à un Trump imprécis, capable de changer de pied du jour au lendemain, qui évoque des sanctions « massives » si Moscou n’accepte pas de cessez-le -feu, mais fait miroiter une levée des sanctions et des échanges commerciaux fructueux, la Russie maintient toutes ses positions.
En Turquie, son négociateur Vladimir Medinski a affirmé que son pays était prêt à se battre un an, deux ans, trois ans et plus. Ce matin, dans une bande annonce d’un discours diffusé dans la soirée, le maître du Kremlin a répété qu’il disposait de « suffisamment de forces et de ressources » pour atteindre son objectif qui « consiste à éliminer les causes qui ont provoqué cette crise, à créer les conditions d’une paix durable et à garantir la sécurité de l’État russe». Une détermination soulignée par le lancement dans la nuit de 273 drones, soit l’attaque la plus vaste depuis le début de la guerre en février 2022.
Avec cet entretien, on risque un peu de marcher à reculons : Trump tiendra-il compte des positions ukrainiennes et européennes comme il semble le faire depuis peu ? Ou se contentera-t-il de mener son propre jeu et d’avertir ensuite ses alliés ? Que feront-ils alors ? Zelensky qui n’a « aucune carte en main » se verra-il imposer des concessions sous peine de lâchage ? Rien n’est écrit, tout est possible.
Aucun des deux protagonistes ne supporterait une humiliation, une défaite visible. Pour leur opinion, ils doivent afficher une victoire, un acquis.
On peut espérer et considérer que ce coup de téléphone est un premier pas vers une paix « juste et durable ». Qui prendra du temps à se concrétiser.