Les Tunisiens Résidents à l’Étranger (TRE) ont la Tunisie chevillée au corps, au cœur et à l’esprit. A chaque seconde. Au-delà de leurs convictions politiques, de leurs critiques de la classe politique tunisienne et de l’administration connue par son éternel « reviens demain », se dépassent, se regroupent et agissent ensemble, envers leurs compatriotes, avec lesquels ils partagent le pays de naissance, leur pays de cœur. Des associations de de la société civile des TRE installés dans plusieurs pays, notamment l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, la Norvège, et la France représentée par l’Amicale des Médecins d’Origine Maghrébine de France, AMOMF, et son président le cardiologue franco-tunisien Docteur Mohamed GHANNEM, ancien élu à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) (2014 -2019), se sont réunis pour collecter des dons, et acheter différents matériels sanitaires.
Échaudés par des précédentes opérations de solidarité humanitaire pour lutter contre le COVID, qui a vu la disparition de matériels destinées aux régions défavorisées, dont les hôpitaux sont sous-équipés, ou l’envoi du matériel médical livré et distribué dans les seuls hôpitaux des grandes villes, par clientélisme et copinage.
Une précédente expérience avec le Ministère de la Santé lors d’un don des CPAPS de BOUSSIGNAC n’a pas été considérée, par ces associations TRE, comme concluante. C’est la raison pour laquelle les associations TRE ont décidés de changer de braquet et de maitriser la chaine de la circulation du matériel médical offert, pour une meilleure utilisation de ce matériel, une efficacité plus grande dans la lutte contre le COVID, et tenter de sauver des vies humaines, toujours précieuses, pour leurs familles et pour la Tunisie.

Les associations des TRE ont donc décidé de ne plus passer par l’administration tunisienne et par le Ministère de la santé. Elles ont décidé de passer des conventions avec des associations de la société civile tunisienne des régions les plus reculées. La convention inter-associations précise que le matériel médical livré sera utilisé, en fonction des besoins locaux, et mis à la disposition, en particulier, des patients les plus démunis, qui ne reçoivent aucun soutien étatique pour améliorer leur état de santé dégradé suite à leur contamination avérée par le COVID. La convention précise que la propriété du matériel médical offert reste la propriété des associations donatrices, et que les associations récipiendaires l’utilisent, à titre de prêt, et le transmettent à d’autres associations dans d’autres régions, selon les besoins pour que ce matériel circule, dans le pays, ne soit ni accaparé, ni détourné, ni vendu au marché noir.
La collecte des associations TRE a permis d’acheter 320 concentrateurs d’oxygène. Ces concentrateurs d’oxygène ont été commandés et achetés, pour raisons financières, en Turquie.

Initialement, ces 320 concentrateurs d’oxygène devaient être acheminés, en Tunisie gratuitement, par Tunisair, partenaire de l’opération, le 1er juillet. Le ministère de la Santé s’est opposé à ce transfert aérien. Il exige que ce matériel acheté par les TRE soit remis au Ministère de la Santé, qui décidera seul de son utilisation. Les associations TRE ont refusé ce diktat d’un autre âge. Conséquence désastreuse, les concentrateurs ne pourront être livrés, en Tunisie, que par bateau dans …. 15 jours. Il n’est pas utile de rappeler que chaque jour qui passe apporte son lot de nouveau morts, faute d’oxygénation.
Il ne revient pas aux associations TRE d’intervenir directement dans le choix des ministres et des responsables politiques, mais ils n’ignorent la prise du ministre de la santé qui annonce fièrement « son opposition à son chef du gouvernement ». En Tunisie le célèbre ministre, Jean Pierre Chevènement, avait lui déclaré en son temps : « un ministre ça ferme sa gueule ou ça s’en va ».
Tarek MAMI Journaliste Paris