La Tunisie, petit pays d’Afrique du Nord, s’est toujours démarquée dans son Histoire, par rapport à ses puissants voisins. Et ce, notamment dans les faits contemporains, qui ont vu le monde oriental basculer dans un obscurantisme qui, jusqu’à présent, n’avait pas encore gagné nos terres.
La Tunisie pouvait avoir la tête haute sur la scène internationale, Code du Statut Personnel, instigatrice du Printemps arabe, Première démocratie du monde arabe, liberté de conscience et de culte…autant d’arguments qui faisaient de ce pays, une exception sur la scène internationale.
Et comme les habitudes ont la peau dure, on continue de marquer l’Histoire! Dans un autre registre, certes, mais l’exceptionnalité y est!
Trouvez-le, ce pays qui bascule en 1 an, avec le consentement du peuple et pour une troisième fois de son histoire dans un régime autoritaire!
Trouvez-le, ce pays qui arrive à élaborer toute une nouvelle Constitution en un mois.. Nous aurions de quoi faire rougir les anglais, dépourvus de ce texte. Le bémol étant que l’Angleterre reste une démocratie.Voire la démocratie.
Mais ce nouveau fait d’arme, 100% local, reste l’entière volonté d’un seul homme, qui aura exploité toutes les failles du régime précédent. Cacophonie et violence à l’Assemblée, Covid-19, corruption et surtout la nonchalance tunisienne. Oui, ce qui reste sidérant c’est bien le peuple tunisien, patriote, fier, éduqué… ou lobotomisé, déprimé et déclassé?
Il semble que les deux dictatures aient eu raison de l’esprit critique de nos concitoyens, qui acceptent le virage présidentialiste de Kais Saied, sans réellement broncher. Les arguments avancés par le Président trouvent un écho dans la mémoire commune. Pointés du doigt par le pouvoir en place, les islamistes, aussi bien chez Bourguiba ou Ben Ali, ont toujours été la cible d’une chasse aux sorcières, et telle une superstition, dont on ne saurait se détacher, nous les reprenons pour cible sans réelle justice, pour conjurer le mal qui sévit dans le pays. Oubliant ainsi les séquelles du Bourguibisme, du Benalisme et notamment la corruption de l’ère Trabelsi, le mandat de Beji Caied Essebsi, le Covid-19..
L’esprit critique tunisien aura été mis à mal aussi par la classe politique qui , dont une partie s’élève actuellement contre le Président, aura brisé la confiance des électeurs par des prises de positions intéressées, excédé par des scènes de violences rémunérées et filmées au sein de l’Assemblée.
Et finalement comment ne pas céder aux promesses d’un homme « providentiel » qui nous promet l’intégrité, la transparence, l’égalité des chances, monts et merveilles, presque… Les Tunisiens qui se déclassent et qui s’appauvrissent s’accrochent à l’espoir de voir leurs conditions de vie s’améliorer.
Néanmoins nous risquons très vite d’être rattrapés par la réalité, car même l’homme le plus « propre » du monde, ne pourrait lutter contre les conséquences d’un régime présidentialiste: la corruption, résultat d’une cour qui se formera autour du président. L’isolement que le pouvoir confère, et donc la coupure d’avec la réalité de ses administrés. Et la disparition de toute pensée politique, éteinte par l’émergence imminente d’un parti politique dominant et peut être unique… De quoi faire le lit d’une nouvelle révolution.