La journée du 25 juillet est devenue, en Tunisie, par les accumulations des événements, qu’a vécu ce pays entre évènements heureux et évènements tristes, pour tous, une journée symbole de la Tunisie indépendante.
Tout commence par un événement heureux, le 25 juillet 1957, avec l’abolition de la monarchie et la proclamation de la République. Mais cette journée va être, également, marquée par deux événements tristes. D’abord, le 25 juillet 2013, avec l’assassinat, pour des raisons politiques, du député Mohamed Brahmi, à l’âge de 58 ans, après l’assassinat quelques mois plus tôt du militant politique Chokri Belaid. Ensuite, le 25 juillet 2019, par la mort du Président Béji Caïd ESSEBSI, à l’âge de 92 ans. Les évènements de juillet 2021 et juillet 2022 sont considérés comme heureux par les uns et comme tristes pour d’autres.
Le 25 juillet entre Fête de la République, assassinat du député Brahmi et Référendum
La Tunisie a célébré, ce lundi 25 juillet 2022, plusieurs évènements, qui marquent la mémoire collective de son peuple. Ce jour n’est pas, n’est plus une journée comme les autres et constitue une éphéméride bien particulière.
1957 : 25 juillet 1957, dont la Tunisie fête le 65ème anniversaire correspond au jour de l’Abolition de la monarchie et proclamation de la République. A cette date, l’Assemblée nationale constituante décide l’abolition de la monarchie tunisienne centenaire et la fin du règne des Beys, proclame la République et désigne Habib Bourguiba comme premier Président de la première République.
Depuis 7 présidents se sont succédé dans des conditions souvent de soubresauts. A Habib Bourguiba (1957-1987) ont succédé Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011). Foued Mebazâa (janvier 2011-décembre 2011, en tant que Président intérimaire, en application de la constitution de 1958, et non au suffrage universel). Moncef Marzouki (2011-2014, en tant que Président provisoire, désigné par l’Assemblée constituante et non au suffrage universel), Béji Caïd Essebsi (2014-2019, élu au suffrage universel décédé le 25 juillet 2015). Mohamed Ennaceur (juillet 2019 – octobre 2019, en tant que Président intérimaire, en application de la constitution de 2014, et non au suffrage universel).
2013 : 25 juillet 2013, dont la Tunisie commémore le 6ème anniversaire correspond au jour de l’Assassinat, pour des raisons politiques, du député Mohamed, à l’âge de 58 ans. Ce crime politique n’est toujours pas élucidé, les assassins ne sont toujours pas retrouvés et arrêtés, et aucune enquête policière et judiciaire sérieuse n’est ouverte malgré les engagements et les promesses des deux derniers présidents tunisiens, que sont Feu Béji Caïd Essebsi et l’actuel président Kaies Saied.
2019 : 25 juillet 2019, dont la Tunisie commémore le 3ème anniversaire correspond au jour du décès du Président Béji Caïd ESSEBSI, à l’âge de 92 ans. Le jour de l’enterrement du dit président a vu descendre dans la rue, pour l’accompagner à sa dernière demeure des dizaines de milliers de simples citoyens qui ont tenu à rendre hommage à celui qui est considéré comme le second père de la Tunisie indépendante après Habib Bourguiba. A travers l’accompagnement de la cérémonie funéraire de Feu Caïd Essebsi, certains ont voulu rendre un hommage a posteriori à Habib Bourguiba, dont la cérémonie funéraire a été escamoté, et organisé en dehors de toute présence populaire ;
2021 : 25 juillet 2021, correspond au jour de la prise par le Président Kais Saied « des dispositions exceptionnelles », en vertu de l’article 80 de la constitution tunisienne de 2014, et son principe de « danger imminent ». « Dispositions exceptionnelles » entre destitution du Premier Ministre en place, Hichem Mechichi. (Président du gouvernement selon l’expression de la constitution tunisienne de 2014), gel et suspension de de travaux l’Assemblée des représentants du peuple, et levée de l’immunité des députés. Ledit article 80 de la constitution de 2014, stipule : « En cas de péril imminent menaçant les institutions de la nation et la sécurité et l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le Président de la République peut prendre les mesures nécessitées par cette situation exceptionnelle, après consultation du Chef du gouvernement et du Président de l’Assemblée des représentants du peuple et après en avoir informé le président de la cour constitutionnelle. Il annonce les mesures dans un communiqué au peuple. Ces mesures doivent avoir pour objectif de garantir le retour dans les plus brefs délais à un fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Durant toute cette période, l’Assemblée des représentants du peuple est considérée en état de réunion permanente. Dans ce cas, le Président de la République ne peut dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple et il ne peut être présenté de motion de censure contre le gouvernement. À tout moment, trente jours après l’entrée en vigueur de ces mesures, et à la demande du Président de l’Assemblée des représentants du peuple ou de trente membres de ladite Assemblée, la Cour constitutionnelle est saisie en vue de vérifier si la situation exceptionnelle persiste. La décision de la Cour est prononcée publiquement dans un délai ne dépassant pas quinze jours. Ces mesures cessent d’avoir effet dès que prennent fin les circonstances qui les ont engendrées. Le Président de la République adresse un message au peuple à ce sujet. » Depuis cette date, du 25 juillet 2021, le président tunisien gère le pouvoir exécutif et législatif, par décrets présidentiels.
2022 : 25 juillet 2022, dont la Tunisie commémore le 1er anniversaire correspond d’une part, au jour de la prise par le Président Kais Saied « des dispositions exceptionnelles », en vertu de l’article 80 de la constitution tunisienne de 2014, et de la prise « des dispositions exceptionnelles » par le Président Kais Saied, et d’autre part au jour de l’organisation d’un référendum constitutionnel pour l’adoption ou le rejet de la 3ème constitution tunisienne après celle de 1958 et de 2014.
L’organisation du référendum constitutionnel a été décidé par le président Tunisien, le 13 décembre 2021 et constitue l’une de ses nombreuses mesures adoptées dans le cadre des « mesures exceptionnelles » du 25 juillet 2021 2021. Ce Référendum a été précédé par une Consultation nationale électronique à laquelle ont participé près 530.000 citoyens, sur un corps électoral estimé à neuf millions deux cent mille électeurs.