Par Naoufel Ben Aissa
Suite à la publication du classement de 2000 universités de 95 pays fait par le « Center for World University Rankings », on voit à quel point nos universités doivent progresser. Dans d’autres classements faits par des instances plus reconnues, car plus crédibles et fiables, nos universités sont même « non classées » et c’est déplorable !
Ce que je remarque, c’est que le classement des universités est tributaire, entre autres, du nombre de publications et de la qualité de l’enseignement, donc de la qualité des enseignants, des programmes et des conditions de l’enseignement et de l’encadrement.
A fortiori, les universités « à vocation scientifique » sont favorisées puisque « les universitaires scientifiques » sont plus féconds en matière de publication.
Un autre élément non moins important est à retenir : la plupart de nos enseignants universitaires sont, dans les faits, plus enseignants que chercheurs. Pourtant, ils sont recrutés pour être enseignants, encadrants et chercheurs à la fois. Or, Il y a comme une avarie en matière de vocation de recherche chez la plupart d’entre eux ! On dirait que pour la plupart, la vraie motivation est d’intégrer le corps de l’enseignement supérieur, de gagner le statut « d’enseignant universitaire » et d’y végéter en attendant d’autres opportunités. Ces dernières consistent en général en « un détachement » pour partir travailler dans un pays étranger ou pour occuper un poste politique ou de direction dans l’administration ou tout simplement enseigner et « se débrouiller » d’autres revenus.
Enfin, beaucoup de nos universitaires publient mais pour le compte de structures non universitaires ou pour des laboratoires et des universités non tunisiens. Ceci aussi lèse nos universités en termes de «classement ».
Ce sont de simples réflexions pour dire que la réputation et la notoriété de nos universités sont aussi la responsabilité des enseignants-chercheurs. C’est à eux aussi , et surtout, de « tenir le taureau par les cornes » et de faire preuve de proactivité là où c’est nécessaire.
Nos universitaires devraient y réfléchir et trouver le moyen de produire plus et mieux car en la matière, il y a un manque que vient révéler le classement sus rapporté.
Le manque est quantitatif certes, mais aussi qualitatif dans la mesure où « des gens qui cherchent, on en trouve, mais des gens qui trouvent, on en cherche » et ça ne date pas d’aujourd’hui. Il faut le dire comme il faut trouver le moyen d’y remédier.
Il faut aussi pointer du doigt la petitesse des budgets alloués à la recherche scientifique, les conditions de travail souvent difficiles de nos « universitaires » et leurs statuts non enviables et c’est la responsabilité de l’Etat. Toutefois, il ne faut pas en faire une raison ou un prétexte à la paresse de celles et ceux qui se contentent de faire partie de la corporation.
Que chacun assume ses responsabilités et donne du sien pour hisser notre université au plus haut possible, améliorer la qualité de l’enseignement supérieur, les conditions de la recherche scientifique et la pertinence de notre production académique, ne serait-ce que par éthique professionnelle. Après tout, depuis que nous étions étudiants, l’université a toujours été notre Univers et notre Cité. Sinon, en quoi sommes-nous universitaires ?
Nous en sommes capables. Nous ne manquons ni de compétences ni de potentiel humain. La preuve, nos « universitaires » sont prisés et sollicités de partout dans le monde et partout où ils vont, ils s’imposent et réussissent. Seulement, dans ce pays, on manque d’investissement dans le savoir – comme dans le culturel – et on n’arrive toujours pas à optimiser comme il se doit tout ce potentiel, ni à en profiter et à en tirer un maximum. C’est un fait et c’est dommage.
Maintenant, la question est de trouver des solutions et des remèdes à ces maux. C’est justement la question à débattre et la problématique à résoudre.