Une enquête est en cours qui devrait dire la vérité, mais l’implication, qui semble déjà documentée, de quelques employés de l’UNRWA dans les massacres et enlèvements du 7 octobre est inadmissible et pose des questions sur son fonctionnement.
Cependant, la suspension de l’aide annoncée par dix-sept pays – même si les Etats-Unis avaient déjà versé 99% de leur contribution- ne constitue pas la meilleure mesure pour les Palestiniens que ces pays prétendent soutenir et défendre. La Norvège alerte sur les risques de voir disparaître une « bouée de sauvetage vitale » à Gaza ; MSF et une vingtaine d’ONG font valoir que l’agence onusienne est « la base de la survie » dans l’enclave ; des juristes estiment que l’arrêt de l’aide va à l’encontre de la décision de la Cour Internationale de Justice qui a ordonné de « permettre une aide humanitaire efficace » à la population gazaouie.
A Gaza, qui connaît une recherche désespérée de nourriture, la famine se rapproche et elle serait là fin février, date à laquelle l’UNRWA n’aura plus les moyens d’aider. Et cette bande de terre n’est pas la seule concernée. L’United Nations United Relief and Works Agency pour les réfugiés palestiniens au Proche Orient, qui veille sur quelque 6 millions de personnes, est également présente en Jordanie, Cisjordanie, Syrie et Liban. 450 000 enfants étudient dans leurs 706 écoles. La majorité de ces réfugiés vit sous le seuil de pauvreté et dépend totalement des aides.
Il est évident que l’UNRWA a connu des dérives et qu’à Gaza, comme en Cisjordanie, certains de ses 13 000 employés ont des liens avec des combattants du Hamas. Comme eux, ils sont Gazaouis et n’oublions pas que ce groupe, considéré par seulement une trentaine de pays comme terroriste, était au départ une organisation caritative, sociale.
Infliger aux Palestiniens une punition collective ne garantira pas à Israël une meilleure sécurité. Au contraire. Les ressentiments ne feront qu’augmenter. La mission de l’UNRWA devrait prendre fin le jour où les réfugiés seront rentrés chez eux… Ce qui n’est évidemment pas pour ravir l’Etat hébreu et explique l’hostilité à son égard. Quelque part, UNRWA veut dire droit au retour…
A Tel Aviv, Netanyahou affirme que l’agence onusienne ne fera pas partie de la solution ». En prenant sa tête en avril 2020, le suisse Philippe Lazzarini répondait le contraire au ministre suisse des Affaires étrangères Ignazio Cassis qui s’était demandé dans une interview en 2018 si l’UNRWA «fait partie de la solution ou fait partie du problème» du conflit israélo-palestinien?
«Il ne fait aucun doute que l’agence fait partie de la solution, et je ne vois aucune alternative à l’UNRWA qui contribue à la paix et à la sécurité ici dans la région, estimait-il. Il serait dommage d’abandonner tous les investissements entrepris dans le développement humain.» C’est toujours dommage aujourd’hui.