C’est un léger frémissement mais qui augure peut-être d’un changement salutaire dans les jours qui viennent.
En moins de 24 heures Lotfi Zitoun, l’ancien conseiller politique de Rached Ghannouchi a rencontré le Président de la république, le Président de l’Assemblée et le Secrétaire général de l’UGTT dans le but annoncé de jouer le médiateur entre ces trois acteurs majeurs de la politique nationale et actuels protagonistes de la situation de la crise qui prévaut dans le pays le menaçant d’une explosion qui peut intervenir à tout moment.
Premier signe positif: le Président Saïd a accepté de rencontrer Zitoun et de veiller à rendre publique cette rencontre au cours de laquelle des propos plutôt apaisants et apaisés ont été échangés.
Deuxième signe positif: Rached Ghannouchi a reporté l’interview télévisée qu’il devait accorder ce soir en prime time à la chaîne nationale et consacrée, on s’en doute bien, aux questions d’actualité en tête desquelles figure l’appel au retour à la Constitution de 1959 lancé par Kaïs Saïd et contre lequel le Président de l’Assemblée s’est déjà prononcé non sans émettre de vives critiques. On peut donc imaginer que l’interview n’allait pas être une suite de doux propos à l’égard du locataire de Carthage.
Troisième signe positif, enfin: la rapidité avec laquelle le Secrétaire général de l’UGTT a accédé à la demande d’audience de Lotfi Zitoun, sachant l’amertume que ressent Noureddine Taboubi après les interminables tergiversations du Président Saïd sur l’initiative du dialogue national proposée par la Centrale syndicale et sans cesse reportée. Taboubi prouve là encore qu’il accorde un grand intérêt à ce dialogue et a hâte de le voir commencer pour l’amorcement d’une sortie de crise
Trois signes positifs qui laissent croire que l’on approche peut-être d’une solution permettant de sortir de cette crise politique et de ses graves répercussions économiques et sociales. La première manifestation du regain de cet espoir tiendra évidemment, et avant la mise en application de l’initiative du dialogue national, par la reprise des rencontres régulières entre les premiers responsables à la tête du pays, à commencer par entre le Président de la république et le Président de l’Assemblée des représentants du peuple, et entre le Président de la république et le chef du gouvernement. Comment peut-on admettre qu’un pays puisse être normalement gouverné quand ses tout premiers responsables ne se voient pas et ne parlent pas? Pour avoir la réponse il suffit de regarder la situation dans laquelle se trouve le pays et qui se passe de commentaire
La politique n’est certes pas une science exacte mais il est au moins deux vérités avérées dans l’exercice de la chose publique dans notre pays: la primauté du dialogue et la vanité de l’ego.
Mohcen Lasmar