À tous points de vue, l’agression physique dont a été victime cet après-midi en pleine séance plénière de l’Assemblée la députée Abir Moussi, est plus que condamnable. Que ce soit d’un point de vue moral, politique ou légal, l’agissement du député Sahbi Smara est criminel et impardonnable.
Moralement d’abord on n’agresse pas physiquement une femme. C’est un acte ignoble commis sur une représentante du peuple, qui plus est. C’est une grave insulte contre les valeurs fondamentales et culturelles dans notre pays et dans le monde civilisé.
C’est, politiquement ensuite , une faute grave qui porte atteinte à la mission sacrée du représentant du peuple et qui la rabaisse tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. En fait ce sont tous les Tunisiens qui sont touchés par cet acte irréfléchi et blâmable. Le pire ennemi du projet démocratique tunisien voudrait le dénigrer qu’il ne se serait pas pris autrement.
Légalement enfin, cette agression est un crime avéré contre une personne certes, mais aussi contre toute la symbolique que représente un pays à la culture multi-séculaire, où la femme jouit d’un statut qui en fait l’égale de l’homme, et où un processus démocratique est mis en place à la faveur d’une révolution populaire historique qui s’était levée contre la violence de l’autoritarisme et la corruption. Par un tel acte aussi délictueux, Sahbi Smara ouvre la voie au retour de la violence et lui donne la légitimité. Plus grave encore, en bon représentant du peuple qu’il est censé être, il en donne le triste exemple.
Le Président du Parlement a sans doute compris la gravité de l’acte et s’est empressé par la voix de son porte-parole de le condamner explicitement et sans ambiguïté.
Faut-il s’en arrêter là? Non.
Il faudrait d’abord que le Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple se saisisse de cet incident répréhensible et prenne les décisions exemplaires contre le, voire les fautifs. Il n’y va là seulement de la crédibilité de l’institution législative du pays mais de son existence-même.
Il serait ensuite approprié que l’Assemblée légifère sur la violence qui gangrène la vie sociale et politique et menace ses institutions. À commencer par la première d’entre elles: le Parlement.
Mohcen Lasmar