Du point de vue algérien, les raisons de se fâcher avec le voisin de l’Ouest sont nombreuses et la rupture des relations diplomatiques ne souffre pas de discussion. Soutien aux indépendantistes kabyles, y compris à l’ONU, participation aux incendies « terroristes », trafics en tous genres, conflit du Sahara occidental… Peu d’États auraient supporté autant d’hostilité étalée sur des années. Oui, mais rien de semble prouvé et le Maroc présente aussi une longue liste de griefs contre son voisin de l’Est. En remontant à la période des indépendances, et même avant, les deux pays n’ont jamais été amis même s’ils se disent « frères ». En octobre 1963, ils se sont battus dans la guerre des sables » à cause des frontières tracées par la France à l’avantage de l’Algérie… française et d’accords de renégociation non respectés. Avantage militaire pour le royaume pas digéré par les généraux d’Alger. Le différend porte aussi sur l’orientation politique, idéologique: Alger, tiers-mondiste et socialiste regarde vers Moscou, des combattants cubains et égyptiens sont venus lui prêter main forte. Rabat veut s’insérer dans l’Europe, dans l’Occident et renoue avec ses rêves impériaux. La décolonisation du Sahara espagnol, l’affirmation de sa marocanité par le roi Hassan II, la marche verte de 1975 relanceront les hostilités et l’attentat de Marrakech en 1994 mettra le feu aux poudres, fermera les frontières…
La situation actuelle n’est que la conséquence de l’histoire, des événements passés, d’une rivalité exacerbée. Lutte d’influence en Afrique, lutte de reconnaissance, lutte de pouvoir pour le leadership régional. Pas question de céder. L’orgueil marocain, une certaine paranoïa de généraux algériens qui détiennent le pouvoir.
Côté chérifien, les rois ont toujours profité des périodes difficiles pour resserrer les rangs autour du trône. On vote le 8 septembre… Côté algérien, il s’agit plutôt de détourner l’attention. Que le peuple crie contre son voisin et oublie la crise sociale, économique et sanitaire que ses dirigeants incompétents et corrompus ne peuvent calmer. Cette rupture aurait donc des causes internes à l’Algérie …
Mais bien peu de risques que l’on aille jusqu’à l’affrontement militaire. Ce n’est pas le but de la manœuvre.