Les micros-trottoirs que nous proposent certaines chaînes télé et que nous retrouvons sur internet, suscitent en nous plus d’une question. Si leur intérêt réside dans le fait qu’ils abordent des sujets qui ont trait à notre situation actuelle, ils dévoilent chez leurs concepteurs une réelle intention de « faire le buzz » comme on dit aujourd’hui. La population ciblée est essentiellement celle des jeunes, et pas de n’importe quels jeunes, puisqu’il y a focalisation sur ceux issus des quartiers populaires. Le lieu choisi pour la réalisation de ces micros-trottoirs est hautement symbolique, il n’est autre que l’avenue Bourguiba à Tunis. Quant aux questions posées, elles sont toutes orientées vers ce qui touche de près à la vie des personnes interrogées : l’emploi, les relations amoureuses, la drogue, les braquages, l’émigration clandestine, etc.
Faire parler les jeunes de la sorte peut-il, malgré l’importance qu’il peut avoir, se substituer à des émissions sérieuses (enquêtes, reportages, débats, etc.) qui éclaireraient notre lanterne sur ce qui ronge notre société ?
Les intervenants, eux, veulent faire choc. Ils nous parlent sans la moindre réserve du braquage, du vol, de la violence, de la drogue et de bien d’autres comportements délictuels comme l’unique moyen de se procurer de quoi vivre ou du moins de ruser avec la misère. Est-ce qu’ils le pensent vraiment ? Est-ce qu’ils veulent attirer notre attention sur leurs problèmes d’une manière autre que les pleurnicheries ? Est-ce qu’ils nous narguent ? Est-ce tout cela à la fois ou autre chose ? Allez donc savoir !
Une réelle écoute des sans-voix est aujourd’hui plus que nécessaire.