Le parquet espagnol a classé vendredi son enquête sur la mort d’au moins 23 migrants africains ayant tenté de pénétrer fin juin dans l’enclave de Melilla, desserrant l’étau sur le ministre de l’Intérieur du gouvernement Sanchez, sur la sellette depuis des mois.
« Le parquet a classé l’enquête » sur ce drame ayant provoqué l’indignation internationale, car il n’a « pas identifié de signes de délit dans les agissements des agents des forces de sécurité » espagnoles, a annoncé le ministère public dans un communiqué.
« On ne peut pas conclure que l’action des agents ait augmenté le risque pesant sur la vie et l’intégrité physique des migrants et on ne peut donc pas les inculper d’homicide involontaire », a-t-il ajouté dans un communiqué.
S’alignant sur la position défendue depuis des mois par le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska, le parquet évoque une « attitude constamment hostile et violente » des migrants « envers les agents marocains et espagnols ».
Un jugement qui soulève des interrogations
Selon El Pais, premier quotidien généraliste du pays, « ce classement de l’enquête (…) apporte une bouffée d’oxygène au ministre de l’Intérieur« . Il était appelé à la démission par l’opposition mais aussi par des formations soutenant le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez.
Cette décision du parquet soulève toutefois des interrogations relatives à son indépendance. « Tout cela a-t-il été une simple simulation pour pouvoir dire qu’une enquête a déjà eu lieu?« , s’est interrogé Jon Inarritu, député de Bildu, parti de la gauche séparatiste basque qui soutient l’exécutif au Parlement.
Selon le député, cette conclusion pourrait aussi éviter « d’indisposer le Maroc« , avec qui Madrid a renoué après une grave crise diplomatique.
Ismael Cortes, député de Podemos, allié des socialistes au sein du gouvernement, a jugé que ce classement était « une occasion perdue » de faire la lumière sur « la plus grande tragédie de l’histoire ayant eu lieu sur une frontière espagnole« .
Rappelons que e 24 juin, près de 2 000 personnes migrant clandestinement, en majorité originaires du Soudan, avaient tenté de pénétrer dans l’enclave de Melilla, située sur la côte nord du Maroc.
Selon les autorités marocaines, au moins 23 migrants sont morts dans cette tragédie. Cela représente le bilan humain le plus lourd jamais enregistré lors des tentatives d’entrées de migrants dans cette enclave ou dans celle de Ceuta. Ceuta et Melilla constituent les deux seules frontières de l’Union européenne sur le continent africain.