L’armée russe a envoyé des véhicules blindés et des canons en renfort dans la région ukrainienne de Kharkiv où Kiev mène une contre-offensive, ont rapporté vendredi les agences de presse russes, publiant des images transmises par le ministère de la Défense.
Sur ces images, également diffusées par le média officiel de l’armée russe, Zvezda, on peut voir plusieurs camions militaires tractant des canons lourds et des véhicules blindés, sur une route de terre, puis une route asphaltée.
Le ministère russe de la Défense n’avait pas fait d’annonce officielle dans l’immédiat.
L’annonce de ce déploiement de renforts intervient alors que les forces ukrainiennes ont affirmé avoir réalisé une percée dans la région de Kharkiv, frontalière de la Russie dans le nord-est de l’Ukraine.
Un haut responsable de l’administration d’occupation de Moscou dans la région, Vitali Gantchev, a affirmé vendredi sur la chaîne de télévision russe Rossiia 24 que des « combats acharnés » étaient en cours autour de la ville de Balaklia, que Kiev a dit jeudi avoir reconquise.
« Nous ne contrôlons plus Balaklia. Des tentatives pour déloger les forces ukrainiennes sont en cours, mais les combats là-bas sont acharnés et nos troupes sont retenues aux abords (de la ville) », a-t-il affirmé.
Selon lui, des combats difficiles ont aussi lieu près de la localité de Chevtchenkove, toujours dans la région de Kharkiv. « Là aussi, les forces armées ukrainiennes essayent de briser les défenses. Des réserves depuis la Russie ont été envoyées là-bas, nos troupes ripostent », a affirmé Vitali Gantchev.
L’envoi par l’armée russe de renforts dans la région ukrainienne de Kharkiv (Nord-Est), où Kiev mène une contre-offensive, démontre que Moscou paye « un énorme prix » pour son agression, a jugé vendredi à Bruxelles le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. « Le nombre de soldats russes en Ukraine est énorme et, malheureusement, le président Poutine a fait savoir qu’il enverrait encore plus de monde », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse commune avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Jeudi, huit civils ont été tués et 17 autres blessés dans des bombardements russes de la ville de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, a déclaré vendredi, sur le réseau social Telegram, le gouverneur régional, Pavlo Kyrylenko, au lendemain de l’annonce par l’armée de gains territoriaux face aux Russes.
« Vingt maisons, six immeubles, quatre magasins, la Maison de la culture et le centre administratif de la ville ont été endommagés » dans ces frappes russes, a-t-il précisé, ajoutant que le marché avait été « sous les feux » de l’artillerie russe.
Bakhmout, qui comptait 70 000 habitants avant le début du conflit à la fin de février, n’a plus accès ni à l’eau ni à l’électricité pour le quatrième jour de suite, a détaillé la même source.
Dans le Donbass, bassin minier de l’est de l’Ukraine, où les combats les plus violents de la guerre s’étaient déroulés ces derniers mois, Kiev a affirmé jeudi avoir avancé de 2 à 3 kilomètres près de Kramatorsk et de Sloviansk et repris le village d’Ozerne, à 45 kilomètres au nord de Bakhmout.
Zaporijia : danger

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait état ce vendredi d’une « coupure totale de courant » dans la ville ukrainienne d’Enerhodar, où est située la centrale nucléaire de Zaporijia, ce qui « compromet la sécurité des opérations ». « C’est totalement inacceptable. Cela ne peut pas continuer », a déclaré dans un communiqué le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, qui appelle à « cesser immédiatement les bombardements dans la zone ».
Eutelsat et les chaînes russes
Reporters sans frontières (RSF) a annoncé ce vendredi avoir saisi le régulateur français des médias, l’Arcom, pour contraindre l’opérateur satellitaire français Eutelsat à arrêter la diffusion en Russie de trois chaînes russes, « fers de lance de la propagande de guerre du Kremlin », selon un communiqué de l’ONG.
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RSF a saisi jeudi, « formellement », l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, « pour lui demander de mettre en demeure l’opérateur satellitaire Eutelsat » afin qu’il cesse de diffuser les chaînes Rossiya 1, Perviy Kanal et NTV.
« Ces trois chaînes diffusent en effet à longueur d’émission des propos relevant, en droit français, de l’incitation à la haine et à la violence contre la population ukrainienne, des appels à l’extermination de masse ou des appels au meurtre de dirigeants, voire de l’incitation au génocide », s’indigne RSF.
Or la société française Eutelsat, « un des principaux opérateurs satellitaires au monde, distribue vers la Russie et l’Ukraine occupée (…) les bouquets russes NTV + et Trikolor », diffuseurs des trois chaînes visées, auprès de quinze millions d’abonnés, soit un quart des ménages russes, souligne RSF. Malgré leur diffusion en Russie, les trois chaînes relèvent donc « de la juridiction française, et en particulier du contrôle de l’Arcom », estime RSF.
Cette requête se distingue des mesures déjà prises sur le territoire français par Eutelsat, qui a notamment cessé en août, à la demande de l’Arcom, la diffusion en Europe de la chaîne russe NTV Mir, destinée aux résidents d’autres pays que la Russie, ou celle de RT en mars, à la demande de l’Union européenne.
Reprise des vols de la Moldavie vers Moscou
Air Moldova va reprendre ses vols commerciaux à destination de la capitale russe à partir du 1er octobre, a-t-elle annoncé vendredi dans un communiqué, après sept mois de fermeture à la suite de l’intervention militaire russe en Ukraine.

Cette décision fait suite, notamment, « à d’innombrables demandes de citoyens de la République de Moldavie, basés en Russie », mais aussi « à la demande des passagers d’utiliser les billets achetés pendant la pandémie », ajoute la principale compagnie aérienne moldave.
Avant l’intervention militaire russe, Air Moldova desservait Moscou, Saint-Pétersbourg et Krasnodar, près de Sotchi (sud de la Russie). La compagnie n’a pas précisé si ces deux derniers aéroports étaient également concernés par la reprise des vols.
Les autorités moldaves avaient fermé l’espace aérien du pays le jour même de l’entrée des troupes de Moscou en Ukraine, pays voisin de cette ancienne république soviétique, avant de le rouvrir le 21 mars.
La Moldavie, qui compte 2,6 millions d’habitants, est officiellement candidate depuis la fin de juin à l’entrée dans l’Union européenne. Les Vingt-Sept ont suspendu tous les vols entre l’Union et la Russie depuis le 27 février.