Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a prévenu ce mardi que l’Ukraine doit répondre aux exigences de Moscou en matière de « démilitarisation » et de « dénazification » et d’ élimination des menaces à la sécurité de la Russie qui en émanent – y compris dans nos nouveaux territoires, les régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia, sinon « l’armée russe résoudra la question. »
Lavrov a également accusé l’Occident d’alimenter la guerre en Ukraine pour affaiblir la Russie, et a déclaré que la durée du conflit, qui a débuté le 24 février lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, dépend de Kiev et de Washington. « En ce qui concerne la durée du conflit, la balle est du côté du régime (de Kiev) et de Washington qui se tient derrière son dos », a affirmé Lavrov à l’agence de presse étatique Tass. « Ils peuvent mettre fin à la résistance insensée à tout moment ».
Les commentaires de Lavrov interviennent un jour après que le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré dans une interview à l’Associated Press que son gouvernement souhaitait un sommet pour mettre fin à la guerre, mais qu’il ne prévoyait pas que la Russie y participe.
Kuleba a déclaré que l’Ukraine souhaitait un sommet « de paix » dans les deux mois, avec le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, comme médiateur. Mais il a également déclaré que la Russie doit faire face à un tribunal pour crimes de guerre avant que son pays ne discute directement avec Moscou. La référence à la « dénazification » découle des allégations de la Russie selon lesquelles le gouvernement ukrainien est fortement influencé par des groupes nationalistes radicaux et néonazis. Cette affirmation est tournée en dérision par l’Ukraine et l’Occident.
A Washington, le président ukrainien avait insisté sur le fait que la paix ne devait selon lui « impliquer aucun compromis quant à la souveraineté, la liberté et l’intégrité territoriale de (son) pays ».
Cyberattaques

Les services de cybersécurité ukrainiens ont neutralisé plus de 4500 cyberattaques russes contre leur pays depuis le début de l’année, a accusé un responsable ukrainien. Dans une interview à la chaîne de télévision My-Ukraine diffusée lundi 26 décembre, Ilya Vitiuk, chef du département de cybersécurité au Service de sécurité de l’Ukraine (SSU), a assuré que «le pays agresseur lance en moyenne plus de dix cyberattaques par jour. Heureusement, la société ukrainienne n’est même pas au courant de la plupart d’entre elles».
«Nous avons abordé 2022 avec huit ans d’expérience de guerre hybride derrière nous, a-t-il ajouté. Au moment de l’invasion, nous étions déjà préparés pour les pires scénarios». Selon lui, près de 800 cyberattaques ont été enregistrées en 2020, plus de 1400 en 2021 et ce nombre a triplé en 2022.
Des cyberattaques «massives ont été repoussées en janvier et février et ont constitué pour nous un entraînement supplémentaire avant l’invasion» russe fin février, a poursuivi Ilya Vitiuk. Selon lui, Moscou cible en particulier le secteur de l’énergie, la logistique, les installations militaires, ainsi que les bases de données gouvernementales et les ressources d’information.
Encore un oligarque

Un nouveau richissime homme d’affaires russe est mort dans des circonstances suspectes. Le millionnaire Pavel Antov, qui avait critiqué l’invasion de l’Ukraine par la Russie, est décédé le jour de Noël après une mystérieuse chute d’une fenêtre d’un hôtel dans lequel il résidait en Inde.
Pavel Antov était en voyage pour fêter son 66e anniversaire, selon le journal britannique Daily Mail. À Rayagada, dans l’État d’Odisha, il serait « tombé » de la fenêtre de son hôtel le 25 décembre. En juin, le riche Russe à la tête d’une entreprise de viande avait qualifié la guerre et les raids aériens sur la capitale ukrainienne de « terreur russe ».
Antov, qui était également député, est l’un des hommes les plus riches du pays, avec une fortune estimée à plus de 150 millions d’euros. Pour cette raison, il était surnommé le « député le plus riche de Russie ». Avec la mort de Pavel Antov, la liste des Russes décédés mystérieusement continue de s’allonger. Deux jours plus tôt, un ami du riche politicien, l’homme d’affaires Vladimir Bydanov, était décédé « d’une crise cardiaque » dans le même hôtel.
Alertes

Plus de 1 296 heures : c’est la durée cumulée, depuis le début de l’invasion russe, des alertes anti-aériennes dans la région de Kharkiv, l’une des plus exposées du pays. En l’espace de dix mois, les habitants de cette région ont ainsi entendu les sirènes retentir pendant l’équivalent de 54 jours complets, d’après un décompte du site spécialisé alerts.in.ua. Vers 14 heures, une alerte a’été déclenchée dans tout le pays.
Le stress des bombardements fait partie du quotidien des habitants de Nikopol, une ville ukrainienne située à proximité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Sur place, il faut tout de même travailler avec le bruit des explosions et composer avec les nombreuses coupures de courant provoquées par les combats.
Cet après-midi, des explosions ont été entendues aujourd’hui autour de la ville d’Odessa, dans le sud du pays, ont rapporté plusieurs médias régionaux sur Telegram. Prudence toutefois : il pourrait s’agir d’interceptions de missiles par le système de défense anti-aérienne, expliquent ces mêmes sources.
La Moldavie menacée

“L’intensification de la coopération militaire et technique entre la Moldavie et l’Otan compromet la sécurité de ce pays.” C’est ce qu’a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Galouzine, à l’agence de presse affiliée au Kremlin, Ria Novosti. L’homme politique russe a estimé que recevoir des armes occidentales ou même de déployer des troupes de l’alliance atlantique ne protégera pas militairement Chisinau, capitale de la Moldavie. Au contraire, Mikhaïl Galouzine a affirmé que cet État situé entre la Roumanie et l’Ukraine se rapproche de plus en plus d’une catastrophe et a enjoint la Moldavie à “ne pas répéter la triste expérience de Kiev”. Une référence équivoque à la guerre en Ukraine qui a débuté le 24 février 2022.
D’après l’hebdomadaire Ziarul de Gardă, le ministre moldave des affaires étrangères, Nicu Popescu, a déclaré plus tôt que Chisinau se trouvait dans une situation sécuritaire très difficile et devait renforcer son potentiel de défense. La Moldavie compte renforcer sa coopération militaire avec l’Allemagne, la Roumanie et la France. De son côté, le secrétaire général délégué de l’Otan, Mircea Geoana, a affirmé qu’en plus de soutenir l’Ukraine face à l’offensive russe, l’alliance doit “soutenir ses partenaires soumis à la pression de la Russie, notamment la Moldavie ».
Bellingcat

Le directeur exécutif du site d’investigation Bellingcat, le journaliste Christo Grozev, a été placé en Russie sur la liste des personnes recherchées, selon les informations disponibles lundi 26 décembre dans la base de données du site du ministère russe de l’Intérieur. Christo Grozev, citoyen bulgare, né le 20 mai 1969, « est recherché pour violation d’un article du Code pénal russe », selon la même source, qui ne fournit pas davantage de précisions.
Créé en juillet 2014 par un blogueur britannique, Eliot Higgins, le site Bellingcat, basé aux Pays-Bas, se spécialise dans le journalisme fondé sur l’analyse des données accessibles à tous en ligne, l’Osint (Open source intelligence en anglais).
Ces derniers temps, l’équipe de Bellingcat se concentre essentiellement sur l’intervention militaire russe en Ukraine déclenchée fin février. La Russie, qui a récemment qualifié Bellingcat de « menace », a jugé l’organisation « indésirable » sur son territoire. En septembre, Christo Grozev, en charge des enquêtes sur Moscou, avait assuré dans un entretien à l’AFP que Bellingcat était « le pire cauchemar du Kremlin ».