L ‘armée russe a assuré, samedi 7 janvier, qu’elle avait l’intention de continuer à observer jusqu’à la fin de la journée le cessez-le-feu unilatéral décrété par Vladimir Poutine à l’occasion du Noël orthodoxe, et ce, « malgré les tirs d’artillerie des forces armées ukrainiennes sur les zones peuplées et les positions russes », selon l’expression employée par le ministère russe de la Défense. Malgré l’annonce de ce « cessez-le-feu », faite jeudi, des bombardements et duels d’artillerie ont été observés sur le terrain, notamment à Bakhmout, le point chaud du front dans l’est de l’Ukraine.
Selon le Parquet ukrainien, deux personnes ont été tuées et treize blessées à Bakhmout au cours de la journée de vendredi, dans une ville en grande partie détruite par les combats et où les deux camps sont confrontés à de grandes pertes. Les autorités ukrainiennes affirment également que les troupes russes ont bombardé la région de Kherson, tuant un secouriste et blessant sept autres personnes.
Dans son analyse de la situation sur le front, le ministère de la défense britannique s’intéresse au secteur de Kremina, ville sous occupation russe et théâtre d’intenses combats, située dans la région de Louhansk. L’armée ukrainienne observe le black-out sur son activité dans cette zone. Selon les services britanniques, les combats n’y ont pas cessé malgré le Noël orthodoxe. Selon le ministère, la pression ukrainienne autour de Kremina est une menace sur le flanc droit de l’armée russe dans le secteur Bakhmout, qu’elle considère comme essentiel pour pouvoir avancer et finir d’occuper le reste de l’oblast de Donetsk.
Tous les regards sont aussi tournés vers le barrage de la centrale hydroélectrique de Vakhova (est du pays), que l’armée russe pourrait vouloir faire exploser afin de ralentir les troupes ukrainiennes, a alerté le Centre national de résistance, un organe du gouvernement ukrainien.
Poutine : Noël solitaire

Le président russe Vladimir Poutine a assisté seul à un service religieux célébré dans une église du Kremlin ce vendredi à minuit pour la Noël orthodoxe – célébré le 7 janvier – , marquée par l’offensive russe en Ukraine. Le président russe a suivi la célébration dans la cathédrale de l’Annonciation, conçue à l’origine comme une église pour les tsars, menée par des prêtres en aubes dorées dont certains tenaient des candélabres, selon les images diffusées par le Kremlin.
Les années précédentes, Vladimir Poutine avait pour habitude d’assister aux services religieux pour la Noël orthodoxe dans des provinces russes ou en périphérie de Moscou. Dans un message diffusé ce samedi par le Kremlin, le président russe a adressé ses félicitations aux chrétiens orthodoxes, indiquant que ce jour inspire «de bonnes actions et aspirations». Il a dit aussi prier pour l’Église orthodoxe, dont le chef influent, le patriarche Kirill, a pleinement soutenu l’offensive des forces armées russes en Ukraine décidée par Vladimir Poutine.
Côté ukrainien, des centaines de fidèles ont assisté samedi à une liturgie historique dans le célèbre monastère de la laure des Grottes de Kyiv, autrefois sous la juridiction du patriarcat de Moscou mais passé en décembre dans le giron de l’Eglise ukrainienne indépendante. L’office était dirigé pour la première fois par le métropolite Epiphany, le chef de cette Eglise formée en 2018-2019 après un schisme avec le patriarcat de Moscou.
Drone au-dessus de Sébastopol
Mikhaїl Razvojaїev, le gouverneur installé par la Russie à Sébastopol, port de Crimée qui sert de base à la flotte russe de la mer Noire, annonce qu’un drone a été abattu par les défenses aériennes aux premières heures du Noël orthodoxe. « Même la fête sacrée de Noël n’était pas une raison pour que ces personnes inhumaines mettent fin à leurs tentatives d’attaquer notre ville héroïque », a écrit M. Razvojaïev sur sa messagerie Telegram. Il n’y a pas eu de commentaire dans l’immédiat de la part de la partie ukrainienne.
Nouvelle aide américaine

Les Etats-Unis, principal soutien de l’Ukraine, ont promis vendredi une nouvelle aide militaire massive de trois milliards de dollars à Kyiv, qui comprendra la fourniture de véhicules blindés d’infanterie Bradley, de transports de troupes et d’obusiers.
«Cette année victorieuse ne fait que commencer», s’est félicitée la présidence ukrainienne, précisant que le «paquet» américain inclut également des missiles de précision HIMARS et antiaériens Sea Sparrow. Cette annonce suivait celle de l’Allemagne qui a indiqué qu’elle enverrait au premier trimestre 40 blindés «Marder», emboîtant le pas à la France qui a annoncé mercredi une prochaine livraison de chars de combat légers AMX-10 RC.
Les livraisons d’armes occidentales sont cruciales pour Kyiv et lui ont notamment permis de mener une contre-offensive efficace qui a chassé les forces russes de la région de Kharkiv dans le nord-est et de la ville de Kherson dans le Sud. Avec l’hiver, le front se trouve en grande partie gelé. L’Ukraine a toutefois dit redouter une nouvelle offensive russe.