Un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté samedi les alliés de Kiev à « réfléchir plus vite » à l’intensification de leur soutien militaire, aucun accord sur la fourniture à l’Ukraine de chars d’assaut n’ayant pu être conclu vendredi à Ramstein, en Allemagne.
« Vous aiderez de toute façon l’Ukraine avec les armes nécessaires et vous avez conscience qu’il n’y a pas d’autre option pour mettre fin à la guerre que la défaite de la Russie », écrit sur Twitter Mykhaïlo Podoliak.
« Mais l’indécision d’aujourd’hui tue de plus en plus notre peuple. Chaque jour de retard est la mort d’Ukrainiens. Réfléchissez plus vite », a-t-il ajouté.
Les alliés occidentaux de l’Ukraine pourraient accélérer la mise en œuvre d’un plan de paix en dix points présenté par Kiev si chacun d’entre eux se chargeait d’un de ses volets, a déclaré l’épouse du président ukrainien dans une interview publiée ce samedi.
Olena Zelenska, qui s’exprimait depuis le Forum économique mondial de Davos, a expliqué au quotidien suisse Neue Zuercher Zeitung que l’incapacité de l’Occident à fournir rapidement les armes nécessaires à l’Ukraine pour repousser les forces russes avait coûté des vies et provoqué la destruction de nombreuses infrastructures.
Pour leur part, les ministres des Affaires étrangères des trois pays baltes ont appelé, ce samedi 21 janvier, Berlin à livrer « dès maintenant » des chars lourds Leopard à l’Ukraine afin de l’aider à arrêter l’agression russe. « Cela est nécessaire pour arrêter l’agression russe, aider l’Ukraine et rétablir rapidement la paix en Europe », a déclaré le ministre letton Edgars Rinkevics sur Twitter, au nom de ses collègues estonien et lituanien.
Pas Bakhmout…
L’Ukraine ne devrait pas chercher à défendre coûte que coûte la ville de Bakhmout, théâtre d’une bataille sanglante, et davantage se concentrer sur la préparation d’une contre-offensive d’envergure, estime un haut responsable américain.

Aujourd’hui largement ravagée, la ville de 70.000 habitants avant la guerre est devenue l’épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, avec des tirs d’artillerie massifs, des avancées lentes et des pertes élevées dans les deux camps.
Bakhmout est également devenue un enjeu politique et un symbole majeur. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu sur la ligne de front en décembre, juste avant son voyage pour rencontrer Joe Biden à la Maison Blanche et s’adresser au Congrès à Washington.
Toutefois, selon ce haut responsable de l’administration de Joe Biden, la priorité donnée aux combats à Bakhmout entrave l’Ukraine dans sa tâche essentielle de préparation d’une offensive stratégique contre les Russes dans le sud du pays au printemps.
Le chef d’état-major américain Mark Milley affirme, lui, qu’il sera « très difficile » de déloger d’ici la fin de l’année l’armée russe du territoire ukrainien. « D’un point de vue militaire, je maintiens encore qu’il sera très difficile d’expulser les forces russes de toutes les zones d’Ukraine occupées[…] Cela ne veut pas dire que cela ne peut pas arriver. Mais cela sera très très difficile », a-t-il déclaré le général, à l’issue de la réunion de Ramstein.
Mais le général a ajouté qu’il est tout à fait possible « pour les Ukrainiens de mener une offensive significative (…) afin de libérer le plus possible de territoires », mais « cela dépendra des livraisons d’équipements, et des entraînements ». Les renseignements américains s’attendent à une contre-offensive des troupes ukrainiennes au printemps, comme l’a fait savoir à la presse le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, soulignant l’importance pour les alliés d’aider Kiev à s’y préparer.
Sur le terrain, l’armée russe a affirmé avoir mené des « opérations offensives » dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine. « Les unités du district militaire oriental ont pris des lignes et des positions plus avantageuses », a annoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué, sans donner plus de détails.
Exercices de défense à Moscou

La Russie a annoncé ce samedi avoir mené des exercices de défense antiaérienne dans la région de Moscou, pour protéger ses infrastructures essentielles en cas d’« attaques aériennes », sur fond de conflit avec l’Ukraine.
« Des exercices ont été organisés dans la région de Moscou, avec le personnel de la brigade de missiles antiaériens du district militaire occidental, pour repousser les attaques aériennes contre d’importantes infrastructures militaires, industrielles et administratives », a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Selon le ministère, les soldats russes qui ont participé à ces entraînements se sont formés à l’utilisation de « missiles antiaériens S-300 ».
Au total, « plus de 150 soldats et plus de 30 pièces d’armes, d’équipements militaires et spéciaux ont participé » à ces exercices, a indiqué la même source.
La Défense russe n’a toutefois pas précisé quand ces exercices avaient eu lieu.
À la question de savoir si la Russie craignait que Moscou ne soit une cible, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait refusé vendredi de répondre, renvoyant la question au ministère de la Défense.
Wagner, organisation criminelle

Les États-Unis ont désigné le groupe paramilitaire russe Wagner comme une organisation criminelle internationale, a annoncé ce vendredi 20 janvier la Maison Blanche, dénonçant ses activités en Ukraine : « Wagner est une organisation criminelle qui commet de vastes atrocités et abus de droits humains », a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.
Selon lui, 50.000 personnes associées au groupe, principalement des prisonniers, sont actuellement présentes en Ukraine : « Nous continuons de considérer que le groupe Wagner dispose actuellement de quelque 50.000 personnes déployées en Ukraine dont 10.000 mercenaires et 40.000 prisonniers », à tel point que cela suscite les « réserves » du ministère russe de la Défense sur ses « méthodes de recrutement », a-t-il dit.
Le responsable a annoncé que Washington prendrait d’autres sanctions contre le groupe Wagner. Il a également fait part d’images satellites montrant des trains russes à destination de la Corée du Nord pour s’y fournir en équipements pour le groupe Wagner.