Les Américains votent aujourd’hui pour les élections de mi-mandat qui vont déterminer la suite de la présidence Biden. Le bientôt octogénaire risque en cas de confirmation de sa défaite annoncée par les sondages, tant à la Chambre des représentants qu’au Sénat, de ne plus pouvoir appliquer sa politique, d’avoir les mains liées, notamment sur le grand sujet de l’environnement.
Ces midterms surviennent dans une Amérique plus divisée, clivée que jamais. 64% des Américains estiment que la démocratie est en crise, surtout des démocrates. « La démocratie est littéralement sur le bulletin de vote. C’est un moment décisif pour la nation(…) on glisserait vers une idéologie semi-fasciste » a répété le président aux électeurs, soutenu par Obama, plus écouté que lui, qui affirme : « si les républicains gagnent, la démocratie, telle que nous la connaissons ne survivra peut-être pas.
Avec sa casquette rouge sur la tête, Trump, l’homme du « Maga », Make America great again, a multiplié des meetings pour appeler les électeurs à stopper le déclin du pays qui deviendrait « communiste ». Les démocrates, des wokes, détruisent le pays et ruinent le rêve américain. Les stopper est un impératif. A n’importe quel prix ? Sans parler d’un nouveau « Capitole », nombreux candidats républicains ont prévenu qu’il pourraient ne pas reconnaître une éventuelle défaite. Dans les rues, des « watchers », parfois armés, surveillaient ces boîtes où des électeurs déposaient leur bulletin de vote par anticipation.
Dans ce climat où la détestation de l’autre camp est plus forte que les opinions politiques, où les haines l’emportent, amplifiées par les théories complotistes et les réseaux sociaux, les démocrates se sont trompés de campagne. Voyant une Amérique traumatisée par la remise en cause du droit à l’avortement décidé par la Cour suprême très conservatrice et constatant que le nombre de femmes qui allaient voter augmentait nettement, ils ont axé leurs discours sur ce thème mobilisateur qui, peu à peu, a perdu de sa pertinence nationale, l’avortement étant traité Etat par Etat. Et l’affirmation de Biden sur les démocrates « en train de construire une Amérique meilleure pour tout le monde » ne convainquait pas des électeurs qui affrontaient d’autres difficultés.
Les républicains, eux, ont capté les signaux envoyés par les Américains en souffrance et ont axé leur campagne sur leurs préoccupations : l’inflation, la criminalité et l’immigration. A Phoenix, en Arizona, un des États clés du scrutin, l’inflation a atteint les 13%, bien au-dessus de la moyenne nationale, 8,2%. En Géorgie, autre État clé, elle s’établit à 11,7%. L’essence n’a jamais été aussi chère, insupportable dans un pays fait pour la voiture, avec peu de transport en commun. Moody’s Analytics indique que la hausse moyenne du coût de la vie est de 445 dollars par mois et par personne. Les ONG distribuent de plus en plus de colis alimentaires et la classe moyenne s’enfonce dans la précarité. Dans le même temps, la criminalité augmente et l’immigration est à la hausse : deux millions d’interpellations à la frontière mexicaine entre octobre 21 et août 22. Avec, selon les républicains, une augmentation du trafic de drogue, surtout du fentanyl.
Barack Obama a souligné que les trumpistes n’avaient aucun programme sinon la baisse des impôts pour les riches, mais ces accusations selon lesquelles le gouvernement serait responsable de l’inflation, appelée d’ailleurs « bidenflation », ont mobilisé davantage.
Qu’en sera-t-il dans les urnes ? La chambre des représentants devrait devenir républicaine et les sondages donnent 53% de chances au Great Old Party de gagner aussi le Sénat. Persuadé de la victoire, Donald Trump a promis une « très grande annonce » le 15 novembre. Sa candidature en 2024 ? Si tel est le cas, son investiture n’est pas certaine car le battu de 2020 a un rival de poids : Ron DeSantis, 44 ans, gouverneur de Floride et chouchou de Fox News. Il est sur la même ligne que son ex mentor, mais représente une nouvelle génération. Si une majorité de candidats aux élections de ce jour – congrès, gouverneurs, procureurs généraux, secrétaires d’Etat (chargé des réactions dans les Etats) son trumpistes)-, il y a lutte interne au sein du parti. Soucieux avant tout de leur carrière, les élus d’aujourd’hui peuvent, demain, abandonner leur patron » surtout s’il est rattrapé par la justice.