Par Salem Mansouri
Point n’est besoin d’user le fond des culottes sur les bancs des amphis pour savoir que les Constitutions ne doivent pas inclure dans leurs textes des projets de la vie économique et sociale qui sont du ressort, devoirs et obligations des Partis ou groupements candidats à la conduite des affaires du pays.
Une simple expression du Dictionnaire [ Le Robert par ex ] nous définit la Constitution comme » Charte et textes fondamentaux qui déterminent la forme du gouvernement d’un pays.. »
Les Dictionnaires arabes [ المنجد في اللغة العربية المعاصرة ..على سبيل المثال ]
La présentent comme suit » مجموعة
قواعد أساسية تبيّن شكل دولة ونظام التحكم فيها وتحدد العلاقات بينها وبين الأفراد «
Les études approfondies et détaillées de la question relèvent de l’Université et l’on est en droit de se poser toutes sortes de questions aujourd’hui sur la qualité du discours que l’on nous assène à longueur de journée.
Nos éminents politiciens et » constitutionnalistes » vivent un blocage semi-total quand il a fallu concevoir et rédiger le texte d’Une Nouvelle Constitution. Placés en face de celles de 1959 et 2014, ils se sont cru obligés de nous rabattre les oreilles avec les compétences (?)
du général de Gaulle [ cité une dizaine de fois ] alors qu’ils auraient pu se référer à Montesquieu ou l’Égyptien Sanhouri [ عبدالرازق السنهوري 1895- 1971, juriste de renommée mondiale , plusieurs fois ministre , Président du Conseil d’Etat , ayant participé à la rédaction de deux versions de la Constitution égyptienne, sous le roi Farouk et le Président Nasser, ainsi que celle du Koweït…Ayant aussi vécu pratiquement dans sa chair les conflits entre pouvoir juridique et exécutif..et auteur de plusieurs ouvrages spécialisés ]..avant de nous offrir le désolant spectacle de leurs hésitations et tentatives d’appuyer ou soutirer telle ou telle pierre des constitutions tunisiennes et risquer de faire crouler tout l’édifice sur nos pauvres têtes ..à bout de pouvoir de réflexion !
Nos éminents spécialistes se relayent sur les stations pour nous déverser tous les jours des discours fades et sans âme , sautant parfois du coq à l’âne, entachés souvent d’opportunisme politique fort intéressé, ce qui se traduit à tous les coups par une confusion dans la définition des vocables ( ayant la tête ailleurs ! ) tels que ..peuple et nation (. امّة وشعب ) ou ..pouvoir et administration ( سلطة وإدارة) ou encore ..citoyens et sujets ( مواطنون ورعايا ).
Le peuple Tunisien ne sait pas comment sera faite sa vie après le 25 juillet 2022.
Il ignore d’ailleurs les bases et données sur lesquelles se sont déroulées les consultations de juin 2022 pour la rédaction du texte de la Constitution. Il ignore l’identité des constituants et les critères de leur choix et cerise sur le gâteau , il apprend la trouvaille des temps modernes de la question posée aux invités de présenter leur Vision de la Tunisie dans 40 ans! ( نحن صرفنا صرفنا).
Et nos éminents spécialistes en Droit de nous expliquer , qui par un sourire narquois, qui par vociférations et les deux sans aucune pédagogie ( pourtant à la base de leur métier d’enseignants ) que c’est au Président de décider..et que ce sera ainsi..à prendre ou à laisser !
Le Doyen , je ne sais plus lequel ( زوز
في الدوّار يحيّرو) nous a tonné..Le train partira à l’heure et tant pis pour les retardataires.
A l’heure où nous sommes, nous pouvons constater que toutes ces mesures ( improvisées ou mûries ?) semblent faire le plein contre elles en réunissant des ennemis d’hier pour combattre ces choix et actes.
C’est pourquoi j’hésiterai sûrement avant d’aller voter le 25 juillet, n’aimant pas commander la Sauce à laquelle je serai mangé .
Navré de le dire !