Il est d’usage qu’un président de la république ou un responsable politique fasse la promotion de son pays, lui mobilise les soutiens dont il a besoin, distille un message de confiance que ce soit dans leurs déplacements à l’étranger ou lors de leur participation aux grands forums ou conférences internationales. S’acquitter d’une telle mission pour un chef d’état entre dans la normalité des choses. N’est-il pas l’incarnation de son unité, le porte-voix de sa diplomatie, n’assure-t-il pas la mission, ô combien lourde et stratégique, de veiller à ce que son prestige reste intacte, ses intérêts préservés et défendus et ses partenaires réconfortés ?
Dans la situation actuelle que vit la Tunisie, nonobstant la crise politique qui à tendance à s’éterniser, les difficultés économiques et les tensions sociales à gagner en complexité et les effets dramatiques du COVID-19 qui ne cessent de s’aggraver, le président de la république en tant que symbole de l’unité du pays, de rassembleur de tous les tunisiens, de défenseur des intérêts nationaux, se doit d’être porteur d’un message d’optimisme, de mobilisation et de confiance. A Paris, lors de sa participation à Paris au sommet sur le financement des économies africaines qui a marqué la présence de pas moins 22 chefs d’Etat, M Kaies Saied, a failli à la mission qui lui est dévolue, au devoir de réserve qui commande de ne pas étaler au grand jour à l’extérieur du pays tous les sujets qui concerne notre cuisine interne.
En accordant le 19 mai 2021 une interview à la chaine de télévision France 24 arabe, le Président de la république a manqué sa cible déclinant, pour la circonstance, une image écornée, voire apocalyptique de la Tunisie.
En France chaque mot prononcé par un responsable politique ne passe pas inaperçu et son impact ne se fait pas attendre. Elle est souvent rapidement décryptée et analysée se transformant de surcroît un facteur qui conditionne dans une large mesure la décision des opérateurs à entreprendre et à investir Cela est d’autant plus vrai que ce pays est notre premier partenaire économique et en Tunisie opère plus de 1400 entreprises à participation française dont les chefs d’entreprise ont longtemps souffert d’un manque de visibilité et de la dégradation de l’environnement des affaires.
Que pourrait-on retenir de la première apparition médiatique du chef de l’Etat dans un média public français à forte pénétration ? Au moment où le doute habite les opérateurs, les propos du président de la république risquent de renforcer leurs aprioris, leur attentisme et en même temps leur pessimisme.
En se donnant à cœur joie à faire le procès du système politique, des institutions et de l’environnement des affaires du pays, qu’il est censé le promouvoir, d’une démocratie qu’il a la charge de renforcer ses assises, des difficultés qu’il a pour mission de leur trouver des solutions et des écueils qu’il a l’obligation de leur concevoir des alternatives sérieuses, le président est tombé dans la trappe du journaliste qui a cherché à faire prévaloir le discours populiste du chef de l’Etat.
Que peut-on s’attendre d’un discours vindicatif, de messages accusateurs, de propos qui dissuadent les inconditionnels de la Tunisie, à poursuivre leur aventure dans le pays ? A l’étranger on n’étale pas le linge sale de son propre pays, on ne présente pas une image défigurée d’un site qu’on cherche désespérément à lui attirer l’intérêt. Pourrait-on légitimement permettre à la Tunisie de rebondir et de retrouver les chemins de la croissance et du travail qu’on on ses responsables continuent de la pointer du doigt en la présentant.