Il ne passe pas un jour, ou presque, sans que l’on entende parler d’un nouveau drame lié à la migration. C’est une crise continue avec son compte macabre qui semble interminable.
Certes, on a toujours en tête l’inoubliable image du corps du petit Syrien Aylan gisant sans vie sur une plage turque de cette Méditerranée devenue un véritable cimetière marin, au sens prosaïque de terme. Mais combien d’enfants, combien d’hommes et combien de femmes, jeunes pour la plupart, ont péri avant de regagner la terre de l’Eldorado sur l’autre rive? Hier encore 23 migrants sont portés disparus et 2 morts malgré les secours apportés par l’armée nationale. Une nouvelle liste de morts et de disparus. Encore une.
Oui mais que faire pour arrêter la tragédie?
Il est d’abord cette évidence qui s’impose: l’Europe vieillissante a besoin d’accueillir des immigrés. Mais elle a besoin de les choisir pour éviter, du moins le pense-t-on depuis quelque temps sur le vieux continent, de voir se développer la menace du rejet de l’étranger que fait peser sur les politiques nationales la montée des populismes.
En face, les candidats à l’émigration poussés par les crises économiques ou par les guerres, ne répondent pas forcément aux critères fixés ou souhaités par les pays d’accueil.
Les années passent, les drames se multiplient et l’émigration finit par devenir un enjeu politique régional qui sent le chantage et l’instrumentalisation. L’Union européenne, ne parvenant pas à parler d’une même voix, a choisi la solution facile de déléguer aux pays de la rive sud la responsabilité de gérer le flux migratoire, moyennant quelques aides. Une solution qui reste inefficace et surtout injuste et inhumaine.
La question de l’émigration est complexe et multidimensionnelle et ses raisons sont multiples. Économiques, sans nul doute, mais aussi politiques, sociales, environnementales …Elle est également liée aux inégalités découlant des anciennes politiques de développement, voire de la colonisation. Sa solution ne saurait être envisagée en dehors du cadre de la concertation entre les pays de deux rives.
Il faut du courage et de la lucidité pour parvenir à une issue durable et honorable. Les pays de l’Union européenne qui doivent déjà dépasser leur égoïsme national et parler d’une même voix, sont appelés à s’asseoir à la même table que les pays concernés qu’ils soient des pays d’origine, de transit, ou de destination. Un quota pour chacun des 27 pays de l’Union devrait être envisagé en concertation avec les pays émetteurs qui devraient s’engager en contrepartie à participer sérieusement et efficacement à la régulation des flux migratoires.
Il faut se rendre à l’évidence: il n’y a pas, il n’y aura pas, d’autre solution à l’émigration en dehors d’une solution concertée entre les pays concernés. Sans cela, ces enfants et ces jeunes femmes et hommes continueront à tenter leur chance et à frapper à la porte de l’Europe. Du moins ceux qui arriveront à échapper au gouffre de la Méditerranée.
Mohcen Lasmar