C’est une surprise dans ce débat de société : selon une étude produite par des ONG marocaines, 82% des Marocains sont contre une réforme visant à l’égalité homme-femmes en terme de succession, et parmi eux 84,5% de femmes. Elles expliquent que, pour elles, cette règle est un dogme religieux immuable. Une aberration pour Amina Bouayad, la présidente du Conseil national des Droits de l’Homme (CNDH) : cette règle de partage contribue, selon elle, à la féminisation de la pauvreté. En effet, le Maroc stagne au 144ème rang mondial en termes d’égalité homme-femme. Un argument qui n’a pas été du goût du parti islamiste PJD : les islamistes ont demandé à la présidente de l’institution, de « cesser de porter atteinte aux constantes religieuses » des Marocains.
Les opinions sont divisées entre jeunes et vieux, habitants de la ville ou de la campagne, personnes instruites ou pas. Mais, là aussi, il y a des surprises : la jeune génération semble plus conservatrice que ses aînés. Lina, 18 ans, est étudiante, et même si elle traîne dans les parcs avec ses copines, elle reste très attachée aux traditions. « Je ne dis pas qu’il ne faut pas tendre vers l’égalité, mais j’estime qu’il n’y a rien à changer, développe-t-elle. Hommes et femmes doivent se compléter, ils ne doivent pas être identiques, sinon le mariage n’aurait aucun sens. »
La réforme du Code de la famille, dont on parle régulièrement, n’est à ce jour pas encore programmée au Parlement. Les levées de bouclier de la part des conservateurs font barrage. Mais la réforme devra se faire un jour ou l’autre par respect pour la Constitution de 2011 et pour les engagements internationaux du Royaume. En attendant, les classes cultivées contournent le problème et font des donations de leur vivant pour rééquilibrer les parts d’héritages entre garçons et filles.