Si aucun argument n’a été jusqu’ici fourni pour expliquer le limogeage surprise du président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption(INLUCC), Imad Boukhris, il ne fait aucun doute cependant que Hichem Mechichi veut donner la preuve qu’il est bien décidé à jouer pleinement son rôle de chef de gouvernement et de faire respecter ses prérogatives, lesquelles sont, au vu de la Constitution, immenses.
On se rappelle, en effet, la vive controverse que l’évincement le 24 septembre 2021 de l’ancien président de cette Instance, Chawki Tabib, avait suscitée. Certains étaient allés jusqu’à poser la question de savoir si le chef du gouvernement, d’alors Elyès Fakhfakh, avait qualité pour démettre le président d’un organe constitutionnel indépendant.
Recevant le serment du nouveau président de l’Inlucc nommé par un chef de gouvernement pourtant démissionnaire suite à l’affaire de corruption pour laquelle il accusa Chawki Tabib et décida de le démettre pour le punir, le président Kaïs Saïd mit vite fin à la controverse. Il y a donc un précédent de limogeage et de nomination, et Hichem Mechichi en profite. Sauf que la question qui se pose tout de suite est: Kaïs Saïd va-t-il cette fois aussi accepter de recevoir la prestation de serment du nouveau président Imad Ben Taleb, lui-même, comme son prédécesseur, magistrat ?Il faut dire que dans la même foulée du limogeage-nomination du président de l’Inlucc, Mechichi a désigné Sonia Jelassi Secrétaire général du ministère du transport et de la logistique, Sonia khayat, Directeur général de contrôle sanitaire et environnemental des produits, et Nisaf Ben Hafsia, Directeur général du Théâtre national.
Deux remarques méritent d’être relevées ici. La première a trait à ce que l’on pourrait appeler une « rectification »que le Chef du gouvernement a voulu faire en réponse aux critiques que lui avaient été faites à l’occasion du dernier remaniement ministériel, toujours suspendu au refus du président Saïd du reste, lui reprocha de réduire la participation féminine à la portion congrue. Trois des quatre responsables désignés sont des femmes. De quoi calmer les critiques.
La seconde remarque concerne la nouvelle dynamique que le Chef du gouvernement cherche à imposer à son équipe en démontrant, à la fois qu’il est le patron de l’exécutif, et qu’il est déterminé à aller de l’avant malgré les tous les sceptiques qui continuent à faire entendre leur voix en lui prédisant un échec inévitable. Pas plus tard d’ailleurs que ce matin, le Secrétaire général de l’UGTT a clairement affirmé que le gouvernement Mechri était incapable de faire le printemps de la Tunisie.Vent debout, Mechichi utilise son meilleur pouvoir:nommer
Mohcen Lasmar