Résidant depuis de nombreuses années au Japon, le tunisien Ghassen Ben Hadj Larbi évoque avec zèle et passion son parcours au pays du soleil levant. Passionnant.
Pouvez- vous rappeler aux lectrices et lecteurs de Tunisie direct quels parcours avez-vous suivi avant de devenir citoyen japonais?
Je tiens tout d’abord à préciser que je ne suis pas citoyen japonais. J’habite au Japon depuis Avril 2009. Je suis venu ici au travers de la bourse d’études du ministère japonais de l’éducation, de la culture, des sports, des sciences et de la technologie (MEXT). C’est un programme de bourse ouvert a tous les pays et permet aux récipients de poursuivre un Master, Doctorat ou les deux dans une université de leur choix au Japon. J’ai eu l’honneur d’obtenir mon Master en Science de l’Information en 2012 ainsi que mon doctorat en Développement International en 2016 à l’université de Nagoya. Depuis, j’ai emménagé a Tokyo où je travaille et vis avec ma femme et mes deux enfants.
-Avez-vous rencontré des obstacles quelconques lors de votre intégration dans la société japonaise ? La langue, les mœurs…
Le Japon est vraiment comme une autre planète! Beaucoup de choses de moeurs sont différentes, et il est parfois difficile de s’intégrer. Ce point était justement l’un des points les plus importants lors de l’interview pour l’obtention de la bourse. En effet, il était assez frequent que des boursiers aillent au Japon mais n’arrivent pas a s’acclimater et decident de quitter le programme de la bourse au bout de 6 mois ou un an. En ce qui me concerne, je crois que j’étais assez bien prêt. Je parlais déjà un peu la langue et était fan de mangas, jeux video et arts martiaux, et de fait relativement au courant de la culture et des moeurs avant de venir. Mais malgré cela, il y a eu quelques chocs.
-Vous avez beaucoup voyagé. En quoi le pays du soleil levant est-il différent des autres pays?
Le premier et probablement le plus récurrent est la nourriture. La nourriture japonaise est réputée pour être bonne pour la santé, mais malheureusement pour moi et probablement la majorité des tunisiens, elle manque terriblement de goût. En effet, l’usage des épices est bien moindre, préférant utiliser plutôt des sauces pour l’assaisonnement. De ce fait, je me retrouve souvent à manger dans des restaurants indiens afin de ressentir le gout des épices.
Un autre point de friction au debut portait sur la ponctualité. Les japonais sont extremement ponctuels, et venant d’un pays où etre en retard est relativement accepté et commun, cela m’a m’a causé quelques problèmes. Heureusement, je me suis depuis bien mis à la ponctualité.
Les mœurs aussi sont bien différentes et peuvent offenser la sensibilité des étrangers. Un exemple précis est celui de la culture des bains. En effet, le Japon est un pays volcanique, et dispose de nombreuses sources chaudes, et les Japonais adorent se baigner. Mais le bain ici se prend tout nu, et il est tout a fait normal d’aller se baigner avec ses ami de classes et professeurs, ou collègues de travail. Cela serait inimaginable en Tunisie, et j’avoue que j’ai eu un peu de mal à m’y faire.
En résumé, je crois que pour bien apprécier le Japon, il faut absolument y aller sans parti pris et accepter de se mettre dans des situations nouvelles et même parfois embarrassantes, mais une fois ce pas franchi, on peut vraiment apprécier la culture et la qualité de vie.