Quand on sait l’attachement à sa « belle langue française »du Président français Emmanuel Macron, et le soin qu’il met à travailler ses discours et ses déclarations publics et à en choisir les termes, on ne peut que s’offusquer à la lecture du communiqué rendu public le 13 mai, jour de l’Aïd Al Fitr, à propos des événements en Palestine.
Voilà les termes par lesquels le Président français exprime son sentiment sur les évènements. Il présente d’abord ses condoléances à Mahmoud Abbas « pour les nombreuses pertes de civils palestiniens résultant des opérations militaires et des affrontements en cours avec Israël ».
Déjà, le Président français parle-t-il « d’ affrontement » comme si nous étions en présence de deux forces égales, oubliant qu’il s’agit d’une attaque israélienne avec des moyens incomparables et disproportionnés.
Les couleurs étant annoncées, Macron n’y va plus par Quatre Chemins. Il condamne « fermement » les missiles palestiniens sans dire un mot sur les bombardements des avions israéliens. Il va ensuite, et sans coup férir, qualifier le Hamas et tous autres groupes de résistance palestiniens de « terroristes ».
Une question tout de suite: si l’on considère un mouvement de résistance vieux de 34 ans et démocratiquement élu, « terroriste » parce qu’il se bat contre des forces d’occupation, avec qui va-t-on négocier demain, puisque on ne négocie pas avec les terroristes?
Le plus grave dans ce genre de discours présidentiel est qu’il s’acharne à utiliser les mêmes arguments éculés et les mêmes poncifs pour dire qu’on œuvre pour la paix, tout en se montrant par ailleurs clairement, insolemment presque, du côté de celui qui, depuis 70 ans mène une politique de colonisation au mépris de toutes les lois humaines et de toutes les résolutions internationales.
Seuls donc les Israéliens comptent aux yeux de Macron. Les Palestiniens ne valent pas grand-chose.
Oui, mais un président d’un pays qui a l’histoire de la France, les intérêts de la France, le rôle international de la France et qui compte des millions d’hommes et de femmes avec une sensibilité puisant ses racines dans la rive sud de la Méditerranée, peut-il dire aussi facilement ce qu’il a dit?
Il est pour le moins étrange qu’Emmanuel Macron qui a fait de la lutte contre « le séparatisme »son cheval de bataille, puisse ignorer le sentiment d’injustice qu’éprouvent ses concitoyens en voyant la population palestinienne massacrée sous les bombes dans une lutte des plus asymétriques. C’est ce sentiment d’injustice qui nourrit les rancœurs et rend le vivre-ensemble, si cher au président français, difficile.
Reste une dernière, mais non moins importante, question: quelle politique arabe la France pourrait-elle espérer construire après un tel alignement flagrant? Il est fini le temps où l’on pouvait passer outre la volonté des peuples.
Dans cet esprit, le Président de la République s’est entretenu aujourd’hui avec le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud ABBAS. Il lui a présenté ses condoléances, en ce jour de fête religieuse, pour les nombreuses pertes de civils palestiniens résultant des opérations militaires et des affrontements en cours avec Israël. Il a fermement condamné les tirs revendiqués par le Hamas et d’autres groupes terroristes visant le territoire israélien, mettant en grave danger la population de Tel Aviv et d’autres villes israéliennes et nuisant à la sécurité de l’État d’Israël. Il lui a enfin demandé d’user de tous les moyens de son influence pour que le calme soit rétabli au plus vite.
Communiqué de l’Elysée sur la situation au Proche-Orient
Mohsen Lasmar