Une débandade russe : des milliers de soldats prisonniers, des combattants, le moral ,dans les chaussettes qui fuient vers la frontière, des stocks d’armes et de munitions saisis, des blindés et des véhicules abandonnés sur place… La guerre a changé de visage, les Ukrainiens reprennent du terrain : 6 000Km², peut-être même 10 000 selon certains experts depuis le début du mois alors que les Russes en avaient conquis moins de 2 000 en trois mois.
200 jours après le début de l’invasion, le conflit est à un tournant et, dans les chancelleries occidentales, militaires et diplomates commencent à croire que les Ukrainiens peuvent bel et bien gagner la guerre. « Ça va faire boule de neige », se persuade Kiev, “on va voir la deuxième armée du monde battre en retraite”. Doucement, tempère Washington avec Anthony Blinken : « il est trop tôt pour dire exactement où la contre-offensive va nous mener ». Il a raison. N’oublions pas que les forces russes, qui occupaient déjà 40 000 km² de l’Ukraine en ont conquis 80 000 qu’ils tiennent toujours. Ils connaissent une réelle pénurie d’effectifs qu’ils ont du mal à combler malgré des offres d’engagement alléchantes, mais ils restent capables de lancer des dizaines de milliers d’obus et missiles par jour, peu précis mais qui peuvent détruire des infrastructures, tuer des civils. Les télévisions moscovites qui ne servent que leur propagande victorieuse reconnaissent que la situation est difficile même s’ils préfèrent parler de « regroupement » et non de retraite. Dans le Donbass, les pro Russes disent plus ouvertement que, défaits, ils perdent du terrain.
De Moscou et de Saint-Pétersbourg, quelques élus réclament la démission de Poutine. Les médias les ignorent, la police les convoque et le maître du Kremlin reste solide à son poste, mais c’est un premier signe d’une possible lassitude. Les va-t’en guerre sont mécontents de l’armée – d’ailleurs des généraux sont révoqués- et demandent de frapper plus fort. Poutine ne dit rien, mais on craint à nouveau que face à une adversité qu’il ne supporte pas – il ne peut pas perdre la guerre- il emploie des armes chimiques voire nucléaires tactiques. Ce mercredi au Kazakhstan, il va rencontrer Xi Jinping et, jeudi à Samarcande, en Ouzbékistan, accuser une fois de plus l’Occident et proposer leur nouvelle voie alternative. Écouteront-ils le pape qui, également présent à Nur-Sultan a appelé cet après-midi à « éviter d’accentuer les rivalités et de renforcer les blocs opposés » ? Non.