Il y a une quinzaine de jours, lors du G7 en Allemagne, la chaîne CNN divulguait des conversations de conseillers de la Maison Blanche qui se montraient assez pessimistes : l’Ukraine n’a pas les moyens de contre attaquer et Volodymyr Zelensky devrait peut-être accepter l’idée que son pays soit amputé d’une partie de son territoire de manière irréversible. Cela avait choqué : les Ukrainiens refusent absolument de négocier aujourd’hui et traitent volontiers de « Munichois » ceux qui pensent qu’ accepter la défaite serait la seule solution qui se dessine aujourd’hui. Quelques jours plus tard, Avril Haynes, l’espionne la plus puissante du monde qui dirige tous les services de renseignement américains répétait que « la guerre serait longue », mais annonçait une temporisation, le temps de reprendre des forces sans arrêt complet des hostilités.
A Moscou, Nicolaï Patrouchev, faucon du KGB puis du FSB et secrétaire du conseil de sécurité, réputé pour dire ce que Poutine pense, affirmait que les buts de guerre n’avaient pas changé et visaient à démilitariser et dénazifier l’Ukraine qui commettait un génocide à l’égard des pro-Russes. Le patron confirmait en indiquant que la Russie était loin d’avoir commencé « les choses sérieuses » en Ukraine. Jeudi, il affirmait que l’Occident avait « déjà perdu » et annonçait donc la chute de « l’ordre mondial américain, la transition de l’égocentrisme mondialiste vers un monde vraiment multipolaire ».
Mais sur le terrain, on assiste bien à une « pause opérationnelle », les Russes n’avancent plus mais poursuivent, voire intensifient, leurs bombardements massifs afin que les Ukrainiens ne puissent bouger, lancer des contre-offensives.
Les deux armées ont besoin de souffler, de se réorganiser. Les entreprises russes sont obligées de travailler pour l’armée et de faire des heures supplémentaires, le pays est en économie de guerre. La Russie a de plus en plus de mal à fabriquer son armement car les technologies venaient de l’Ouest…Poutine n’ayant pas décrété la mobilisation générale et les pertes étant très élevées, il engagerait, selon le site en ligne du Daily Mail, des prisonniers, y compris des meurtriers, pour aller combattre en première ligne, en leur promettant argent et amnistie. Ils rejoindraient le groupe Wagner dans le Donbass.
Les Ukrainiens, durement frappés et fatigués, ont également besoin de troupes fraîches, de préparer une nouvelle étape. Ils ont perdu beaucoup de matériel, ont épuisé leurs stocks et doivent attendre les armes qui arrivent lentement, difficilement. 38% de celles promises par les Américains ont été livrées, 46% des allemandes et toutes les françaises, mais il y en avait moins. Ces armes modernes sont variées et il faut apprendre à s’en servir. Des soldats viennent d’arriver en Grande-Bretagne pour se former. De plus en plus de femmes s’engagent.
On en reste, pour l’instant, à une guerre d’attrition qui vise à user l’ennemi, à détruire ses moyens. Les experts estiment que cette pause opérationnelle peut durer jusqu’à l’automne.
Pour les Ukrainiens, l’essentiel, la priorité, est de tenir dans la durée jusqu’à ce qu’ils puissent riposter, contre-attaquer avec leur armement moderne et des soldats qualifiés.
Avec toujours en arrière-plan, le fait que la parole de Poutine ne vaut rien, que la Russie est capable d’utiliser l’arme nucléaire tactique… Si les pays d’Afrique et d’Amérique latine se rendent enfin compte que c’est bien la Russie qui est responsable du manque de blé, les choses pourraient changer…